J'évoquerai rapidement les principales analyses que nous avons conduites sur notre système de santé, en nous appuyant sur un collectif de personnalités travaillant sur ces sujets.
L'appel à projets mené durant le premier confinement avait fait remonter énormément de travaux d'experts ou d'interventions citoyennes sur la nécessité de remettre à plat notre système de santé, en se fondant plus particulièrement sur les interactions entre la santé de l'homme, la santé des écosystèmes, la santé liée à l'alimentation.
Les principaux enseignements du cahier, qui était en ligne, sont les suivants : notre système de santé est fondé sur des éléments remontant aux années 50 et 60, où les situations épidémiologiques, sociales et démographiques étaient différentes de celles qu'on observe aujourd'hui. L'approche était « descendante », centrée sur le traitement de la maladie plus que sur la prévention et la prise en compte des aspects environnementaux.
La dimension environnementale est aujourd'hui bien décrite par la science, par la notion d'incorporation biologique du social : il existe des marqueurs physiologiques de l'environnement social ou environnemental des individus, qui expliquent l'apparition d'un certain nombre de maladies. Cet aspect ne fait pas encore partie des politiques de santé.
Autre axe important, le One Health, ou le renforcement des interactions entre des secteurs séparés, à savoir la santé humaine, la santé animale, la santé de la chaîne alimentaire et la santé des écosystèmes. Les pressions sur les écosystèmes favorisent l'émergence de nouveaux agents pathogènes, qui se transmettent à l'homme par le biais de réservoirs animaux. Le continuum d'analyses qui permettrait d'imbriquer tous ces segments dans des politiques de détection et de gestion de ces risques sanitaires pourrait être amélioré. Il conviendrait de décloisonner les dispositifs de formation au sein du monde médical et paramédical. Cela passe également par une refonte des dispositifs de surveillance, pour croiser les approches.
La nécessité d'élargir la conception des politiques de santé à un grand nombre d'acteurs, par le biais d'une consultation citoyenne, a également été mise en lumière. Dans le cadre d'une défiance par rapport aux données scientifiques appliquées au risque sanitaire, la co-construction de politiques, en se fondant sur de nouveaux dispositifs de concertation et en introduisant une plus grande culture du risque, pourrait permettre d'apporter une meilleure réponse aux risques émergents.