Cette question du financement est centrale. Réfléchir à la révision des indicateurs ou à la prise en compte des externalités négatives de la croissance dans l'évaluation de la richesse pourrait conduire à une réduction des ressources de la protection sociale puisque l'assiette d'une taxe comportementale a vocation à se résorber. À moyen et long terme, dans l'hypothèse où la prévention aurait produit ses effets, on peut compter, a contrario, sur des économies potentielles. Davantage de prévention, c'est moins de maladies, moins de pathologies, moins de dépenses pour la protection sociale.
Reste qu'il est toujours difficile de mettre en balance, dans le cadre d'arbitrages budgétaires, de tels investissements de long terme avec d'autres dépenses dont les effets mettent moins longtemps à se déployer.
Ce discours sur la prévention ne date pas d'hier. Comment valoriser différemment, d'un point de vue comptable notamment, les investissements et actions de prévention plutôt que de réparation ? Je pense y compris à l'évaluation des fonctionnaires... Des effets de long terme, s'étalant sur plusieurs années, sont certes complexes à quantifier, mais une telle valorisation de la prévention pourrait faire baisser les dépenses de protection sociale, donc se traduire par un gain collectif.
Il faut repenser les risques que la sécurité sociale doit couvrir à l'aune des nouveaux enjeux qui sont devant nous. Les modalités d'intervention publique et les prestations, notamment, doivent-elles rester les mêmes qu'il y a cinquante ans ?