La question est complexe. Elle présente en effet plusieurs facettes. Il n'existe aucune rupture entre la dimension que le ministère de l'agriculture a baptisée Enseigner à produire autrement, avec le développement de l'agroécologie, etc., et les enseignements en école. Il existe des liens. Il n'existe donc de difficulté d'aucune sorte. L'une des revendications d'un certain nombre d'écoles d'ingénieur serait de disposer d'un accès post-bac (à l'exemple des écoles vétérinaires ou des écoles privées, qui ont ouvert un accès post-bac). Entre la sortie du baccalauréat et l'entrée en école, un certain nombre de filtres se sont en effet mis en place. Or, dans les écoles publiques, nous nous contentons de classer des sélections antérieures. Nous ne pouvons pas inventer la sélection et privilégier un certain nombre de voies parce que nous ne possédons pas le degré de liberté adéquat, la préparation ayant lieu en post-bac. Les écoles vétérinaires, de leur côté, ont su modifier le dispositif en ouvrant un certain nombre de places au niveau post-bac.
Le deuxième élément concerne le fait que, dans les mécanismes de sélection, BTS, BTSA et classes préparatoires post-BTS (baptisées classes ATS, constituant un des concours d'entrée dans les écoles d'ingénieur ou de vétérinaire) constituent des filtres favorisant les baccalauréats technologiques, notamment les baccalauréats « sciences et technologies de laboratoire » (STL), au détriment des baccalauréats « sciences et technologies de l'agronomie et du vivant » (STAV) portés par le ministère de l'agriculture. Je n'affirme pas que les STAV soient totalement absents. Nous en voyons dans certains concours. Je suis très fier, pour ma part, que 97 % des mentions bien et très bien entrent à AgroParisTech, les 3 % restants correspondant à des baccalauréats professionnels, à des baccalauréats L ou à d'autres baccalauréats particuliers. Nous les voyons nous rejoindre par des voies comme l'apprentissage et parvenir à la réussite sans difficulté. Il ne s'agit pas par conséquent d'un verrou en tant que tel. Nous devons certes apporter des adaptations. La situation dépend notamment de la période qui précède les écoles. Elle n'est, quoi qu'il en soit, pas irrémédiable.