Intervention de Martin Hirsch

Mission d'information Culture citoyenne — Réunion du 30 mars 2022 : 1ère réunion
Audition de M. Martin Hirsch ancien président de l'agence du service civique président de l'institut de l'engagement

Martin Hirsch, ancien président de l'Agence du service civique, président de l'Institut de l'engagement :

J'avoue avoir eu quelques scrupules à aller leur demander de l'argent. Tout d'abord, je ne souhaitais pas que ce financement puisse être imputé sur les moyens destinés au service civique. Ensuite, je ne voulais pas être en concurrence avec les associations qui s'occupent des jeunes. Enfin, nous avions l'orgueil de penser que nous pouvions nous en tirer avec du mécénat, même si c'est toujours inconfortable d'être obligé de chercher de l'argent tout le temps.

Lors de la création du service civique, beaucoup pensaient qu'il fallait le rendre obligatoire parce qu'ils estimaient que les jeunes ne voulaient pas s'engager, alors que notre expérience était tout à fait l'inverse. Pour ma part, je me suis intéressé au service civique quand je présidais Emmaüs. À la fin des conférences que je donnais pour cette organisation, des jeunes venaient me demander comment ils pouvaient s'engager, et j'étais obligé de les décourager : l'engagement n'étant ni reconnu ni financé, il pouvait leur faire prendre du retard dans leurs études. Je leur disais donc de revenir me voir quand ils seraient à la retraite ! Ce n'était pas satisfaisant, d'où ma passion pour le service civique.

De la même manière, prendre conscience que certains jeunes ont les capacités de faire mais que, pour eux, les portes ne sont pas adaptées ou pas localisées là où il faut, c'est difficile lorsque l'on est complètement dans le système.

Enfin, sans doute pourrions-nous nous y prendre mieux. D'où le plaisir que j'ai à parler aujourd'hui de l'Institut de l'engagement devant le Sénat !

Nous recevons un financement public parce que nous nous sommes récemment inscrits dans le programme 1 jeune, 1 solution, pour mentorer des jeunes. À ce titre, nous allons suivre 1 500 jeunes qui sont un peu engagés, mais qui ne sont pas lauréats de l'Institut de l'engagement. Nous sommes en train de recruter les mentors nécessaires. À l'échelle nationale, c'est la première reconnaissance publique de ce que nous avons fait.

Toutefois, le potentiel de ceux qui pourraient accéder à ces voies et mener un parcours du type de celui que propose l'Institut de l'engagement serait plus proche de 10 000 jeunes que de 700, me semble-t-il, à condition de faire connaître le dispositif aux jeunes eux-mêmes et de régler un problème spécifique : le financement de leur scolarité dans certaines écoles. En effet, certains établissements actionnent leur fondation pour leur offrir les frais de scolarité. C'est le cas notamment des écoles de management. Néanmoins, il y a un contingentement : nous ne pouvons pas en inscrire plus de cinq ou dix par école.

Pour ma part, je suis favorable aux bourses ou aux prêts à remboursement contingent. Mais les jeunes ne prennent pas de crédit à la banque, même s'ils entrent à HEC, parce que, à 22 ans, on n'est pas prêt à souscrire un prêt de 50 000 euros ! Il faudrait mettre en place des prêts à remboursement contingent garantis, comme cela se fait d'ailleurs dans d'autres pays.

Nous travaillons avec l'Agence du service civique - Béatrice Angrand, la présidente de cet organisme, siège au conseil d'administration de l'Institut de l'engagement - avec laquelle nous avons passé une convention, portant notamment sur la formation des jeunes qui font leur service civique. Et nous travaillons avec Unis Cité, en particulier sur le programme 1 jeune, 1 solution. Un certain nombre de nos lauréats sont d'ailleurs des anciens d'Unis Cité.

En ce qui concerne la participation des jeunes, deux ou trois ans après la création du service civique, nous avons réalisé une enquête en posant les mêmes questions à des jeunes ayant fait leur service civique et à d'autres ne l'ayant pas fait. Nous les avons interrogés de façon classique sur leur situation professionnelle - il en ressort que les premiers réussissent mieux que les autres - et nous avons glissé ces deux questions : « Considérez-vous les autres comme une menace ou comme une opportunité ? » et « Êtes-vous d'accord avec la phrase : on ne se sent plus chez soi ici ? ».

La réponse est claire : la grande majorité des jeunes qui n'ont pas fait leur service civique répond positivement aux deux questions ; chez les jeunes qui n'ont pas fait leur service civique, les proportions sont inversées.

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