Intervention de Martin Hirsch

Mission d'information Culture citoyenne — Réunion du 30 mars 2022 : 1ère réunion
Audition de M. Martin Hirsch ancien président de l'agence du service civique président de l'institut de l'engagement

Martin Hirsch, ancien président de l'Agence du service civique, président de l'Institut de l'engagement :

Il y a de la subjectivité dans les épreuves de mathématiques, d'anglais, de physique ou de philosophie ! Cela a été démontré par des études scientifiques. C'est vrai dans la notation, mais aussi pour l'adéquation des questions au programme - quand une question posée au concours de Polytechnique a été préparée à Louis-le-Grand, par exemple. La subjectivité est partout, et heureusement d'ailleurs, mais elle n'implique pas l'arbitraire. Autant il faut fuir l'arbitraire, autant il faut assumer une forme de subjectivité.

Par ailleurs, le fait d'avoir des jurys collégiaux ou des critères permet de cadrer cette subjectivité pour éviter un recrutement à la tête du client. Et de nombreux établissements prestigieux hors de France sélectionnent de cette façon.

Même si ces souvenirs sont lointains et les choses ont peut-être évolué, j'avais été frappé par les travaux menés il y a une dizaine d'années qui montraient que, en France, on peut avoir dès l'enfance un bulletin scolaire avec « nul » dans toutes les matières. Mes valeurs humanistes me font considérer qu'un gamin ne peut être « nul » en tout ! Il peut être « nul » dans telle ou telle matière, mais pas partout ! Nous avions donc demandé à des écoles de s'engager à attribuer au moins une bonne note, pas par complaisance, mais parce que c'est nier le principe de l'accompagnement de l'enfant que de finir un trimestre en ne lui accordant que des mauvaises notes.

Pour attribuer au moins une bonne note, il y a deux manières de faire. Soit on repère une matière dans laquelle il est faible et on l'accompagne plus que les autres. Soit on identifie une qualité extrascolaire et on lui affecte une appréciation positive, qui a un effet considérable sur l'intéressé. À certains jeunes du service civique, personne n'avait jamais dit « merci » ou « bravo » auparavant...

Il faudrait donc instiller un peu de service national universel tout au long de la scolarité obligatoire, en prenant en compte toutes sortes d'engagements, y compris d'ailleurs au sein de l'établissement scolaire. Cela apporte de la confiance. Certes, il y a effectivement une part de subjectivité dans toute évaluation, mais si l'on refuse toute subjectivité, on ne recrute plus que des robots !

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