Intervention de Daniel Prieur

Mission d'information Sous-utilisation des fonds européens — Réunion du 16 juillet 2019 à 14h45
Audition de M. Daniel Prieur secrétaire adjoint de l'assemblée permanente des chambres d'agriculture président de la chambre interdépartementale d'agriculture du doubs-territoire de belfort

Daniel Prieur, secrétaire adjoint de l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture, président de la chambre interdépartementale d'agriculture du Doubs-Territoire de Belfort :

Nous ne partons pas à égalité puisque les États membres ont décidé, dès le départ, de faire de la régionalisation ou de la mutualisation de moyens. L'Allemagne a ainsi confié beaucoup de responsabilités à ses Länder, avec une architecture politique différente de la nôtre. J'ai visité des exploitations en Allemagne où j'ai constaté que les politiques sociales étaient bien moins contraignantes, augmentant leur compétitivité. J'exprime donc un avis réservé sur la question. Nous allons vers un certain nombre d'obligations, dont une obligation de convergence qui institue des transferts massifs entre les régions, selon le mode d'agriculture.

Les organisations nationales souhaitent un socle commun à la politique agricole, avec des objectifs communs poursuivis au niveau européen - et non avec un budget accordé à chaque État membre qui en dispose à sa guise. La politique menée ne peut être la même avec vingt-sept États membres qu'avec six. De grands pays agricoles qui avaient besoin de forts développements ont rejoint l'Union européenne et ont fortement consommé les crédits. Je connais assez bien l'agriculture polonaise puisqu'un directeur adjoint de ma chambre est d'origine polonaise, et j'ai constaté que cette agriculture avait opéré de grandes transformations, comme nous l'avions fait dans les années 1960 ou 1970. La technologie est maintenant présente partout en Europe.

La politique agricole comprend l'aspect communautaire et l'aspect national, avec une demande sociétale.

Je n'ai pas forcément l'accord de l'APCA et de la FNSEA, mais je considère qu'un axe majeur s'ouvre aujourd'hui, qui vise à aller de l'alimentation à l'agriculture, alors que l'axe inverse était observé jusque-là, de l'agriculture à l'alimentation. Les aspects d'adaptation locale sont donc importants. Avec les États généraux de l'alimentation et la mise en place des projets alimentaires territoriaux, de nouvelles problématiques émergent. Le citoyen-consommateur affirme de nouvelles exigences. L'agriculture dispose d'outils pour protéger des cultures et ces points suscitent désormais un débat. Les aspects de transition sont un levier d'accompagnement des agriculteurs et de communication sur les actions menées par les agriculteurs qui se trouvent déjà dans cette démarche.

Les pratiques sur les exploitations ont changé depuis dix ou vingt ans. Les agriculteurs demandent à être accompagnés dans leur développement et à ne pas subir des critiques quotidiennes. Les agriculteurs ont une utilité territoriale, économique, sociale et sociétale. Si certaines de ces utilités sont remises en cause, ils évolueront vers d'autres métiers.

Dans mon territoire, l'agriculture se porte bien, grâce aux appellations d'origine contrôlée, mais les agriculteurs chercheraient sinon un autre emploi.

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