Sur les MAE, nous avons évoqué les difficultés rencontrées avec la fusion des régions.
La région Pays de la Loire n'a pas été fusionnée avec la Bretagne, mais, dans de nombreuses régions, la double peine a été subie. Sans distribuer les bons et les mauvais points aux ministres, la situation était extrêmement compliquée avec Stéphane Le Foll qui ne considérait pas que le sujet était urgent. Quand Stéphane Travert est arrivé, il nous a indiqué qu'il rencontrait un problème de budget et qu'il convenait, pour faire face, de basculer une partie du premier pilier de la PAC vers le deuxième pilier, ce que nous avons fait. Ceci a permis d'avoir un calendrier de paiement plus satisfaisant.
Nous avons sûrement proposé des mesures trop détaillées, alors qu'il aurait convenu de proposer des mesures plus générales. Quand l'APCA, en lien avec les organisations syndicales nationales, propose des mesures de transition qui pourront avoir un réel impact sur les fermes, selon la stratégie de haute valeur environnementale, la politique des labels pour la filière bovine - qui entraîne des retours financiers sur les exploitations - ou la stratégie bas carbone pour la production laitière, il s'agit de solutions concrètes, demandées par les agriculteurs sur le territoire.
Une autre politique me paraît intéressante pour conquérir un nouveau marché avec l'évolution vers l'agriculture biologique pour laquelle il convient de raisonner avec une politique de qualité qui n'enferme pas trop. Les agriculteurs biologiques historiques et les nouveaux agriculteurs biologiques devraient s'harmoniser. Les agriculteurs biologiques historiques tiraient il y a quelques années à boulet rouge sur l'agriculture conventionnelle, alors que l'agriculture biologique commence forcément sur des champs conventionnels qui se transforment.
Sur le repli sur soi, j'ai longtemps siégé à l'Institut national d'origine et de la qualité (INAO) et je considère qu'il convient de savoir quel marché nous ciblons. Ciblons-nous uniquement le marché des matières premières à l'échelle française et mondiale ? Je ne suis alors pas certain que nous sommes suffisamment compétitifs puisque d'autres territoires sont mieux armés que nous en termes de structures agricoles. En Russie, les agriculteurs ont des parcelles de 440 hectares. Nous n'avons pas le même dimensionnement. Vladimir Poutine dispose de terres qui se dégèlent chaque année avec le réchauffement climatique. Notre rôle deviendra donc sûrement différent dans les marchés mondiaux
Sur la qualité, l'agriculture française ne doit-elle pas cibler son positionnement sur les produits transformés et sur le marché de la qualité, pour son positionnement à l'international ? Ceci demande une évolution. J'ai connu une production de comté à 35 000 tonnes, et elle atteint aujourd'hui 60 000 tonnes. Je sais qu'il nous faut aujourd'hui un peu d'export, même si je ne souhaite pas que l'export dicte la totalité de notre politique.
Si, demain, nous continuons à avoir une production agricole un peu plus élitiste, nous risquons de perdre des paysans qui auront du mal à accéder à des standards de qualité supérieurs. Nous avons introduit cet accompagnement dans le rôle des chambres d'agriculture, puisqu'une partie de la population ne sollicite pas forcément nos services, alors qu'elle doit être accompagnée.
La politique agricole française devrait peut-être s'orienter vers le haut de gamme, comme la viticulture a pu le faire dans le passé dans de nombreux domaines. Dans la viticulture, la PAC différait de celle des autres secteurs, avec des actions sur les évolutions de cépages, la modernisation des outils de vinification et le positionnement du marché.