Intervention de Joël Fourny

Délégation aux entreprises — Réunion du 30 septembre 2021 à 9h00
Table ronde sur les conditions et les perspectives de la reprise économique

Joël Fourny, président des Chambres de Métiers et de l'Artisanat (CMA France) :

Nous vous remercions de nous entendre ce matin, car il nous paraît important de vous faire un retour sur la situation économique du secteur de l'artisanat.

Une étude Qualitest réalisée par CMA France révèle un optimisme des entreprises artisanales plutôt élevé pour les six prochains mois et les années futures. 77 % des entreprises artisanales considèrent notamment que l'évolution de l'activité de leur entreprise se stabilise ou s'améliore.

À l'heure de la relance, il est important de constater que l'artisanat envisage l'avenir de manière positive. Il s'est plutôt stabilisé pendant la crise sanitaire : le secteur de l'alimentation est resté résilient et les secteurs des services et de la fabrication ont renforcé leur développement en mettant en place de nouveaux dispositifs. Les outils numériques leur ont notamment permis de garder le contact avec leurs clients. Le secteur du bâtiment reste en forte tension pour d'autres raisons. Il assure sa pérennité et son développement est très important.

Toutefois, le réseau des CMA reste prudent et mobilisé pour suivre régulièrement la rentabilité et la solvabilité des entreprises artisanales. Leur état de santé économique et leurs perspectives s'améliorent. Les difficultés liées à la crise sanitaire affectent peu leur rentabilité actuelle. Les enjeux concernent davantage les mois à venir.

36 % des chefs d'entreprise ont une bonne opinion de la situation économique de leur entreprise, soit 7 points de plus qu'en mai 2021.

Le nombre de radiations annuelles s'élève régulièrement à 90 000. En 2020, il a été inférieur de 5 à 10 % aux relevés des années 2018 et 2019. Au premier semestre 2021, la tendance se confirme : le nombre d'immatriculations dépasse largement celui du premier semestre 2020 et le solde de créations nettes s'établit à 31 500 entreprises. Le secteur de l'artisanat affiche donc une forte progression.

Les artisans résistent, mais ils font aussi face à plusieurs problématiques.

99 % des métiers sont en tension en raison de la pénurie de main-d'oeuvre.

Les difficultés engendrées ralentissent sérieusement la possibilité de développement des entreprises artisanales, notamment dans les secteurs du bâtiment et de la production industrielle. En effet, de nombreuses entreprises artisanales de sous-traitance sont pénalisées par la baisse d'activité des clients et donneurs d'ordres.

Nous avons décidé d'accompagner les entreprises artisanales sur ces thèmes qui figurent parmi leurs préoccupations prioritaires. Les contractualisations signées avec l'État prévoient notamment un accompagnement aux diagnostics numérique et énergétique.

Sur l'ensemble de nos CFA, la formation progresse de 8 % entre les rentrées 2020 et 2021. Le nombre d'entreprises artisanales engagées dans la formation initiale et l'apprentissage a aussi largement augmenté.

L'enjeu de la transmission et de la reprise d'entreprise est capital, car 300 000 entreprises doivent être cédées dans les dix prochaines années. 8 % d'entre elles, soit près de 130 000 entreprises, sont potentiellement à reprendre dans les deux ans à venir. Le réseau mettra donc en oeuvre toutes les actions possibles pour les accompagner.

Nous avons soutenu les entreprises tout au long de cette période difficile. Nous avons développé de nombreux contacts avec nos 1,7 million d'entreprises artisanales. Toutes les Chambres de Métiers se sont fortement mobilisées pour accompagner les entreprises sur les volets financier, numérique et digital.

Nous restons fortement impliqués pour accompagner et soutenir nos entreprises sur la partie financière, car les prochains remboursements de dettes sont susceptibles de générer des tensions. Nous veillerons à leur bon déroulement et solliciterons le gouvernement le cas échéant.

Les entreprises et le secteur ressentent favorablement toutes les mesures instaurées par le gouvernement pendant la crise. Ils n'envisagent pas de maintenir le « quoi qu'il en coute » et consentent à le réserver aux activités qui connaissent des difficultés. Ils sont ouverts à d'autres mesures de reprise.

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