Intervention de Janez Lenarcic

Commission des affaires européennes — Réunion du 9 juillet 2020 à 8h35
Institutions européennes — Audition de M. Janez Lenarcic commissaire européen à la gestion des crises

Janez Lenarcic, commissaire européen à la gestion des crises :

La proposition de la Commission vise à considérablement renforcer le mécanisme européen de protection civile et son action en matière d'aide humanitaire à travers le cadre financier pluriannuel actuellement en discussion, en tenant compte des enseignements tirés de la crise du Covid-19. Cela répond aussi aux demandes du Parlement européen et du Conseil européen, qui ont tous deux plaidé pour une gestion de crise plus ambitieuse au niveau européen.

Nous souhaitons d'abord étendre le mécanisme européen de protection civile aux situations d'urgence médicale, mais aussi aux crises liées à des risques nucléaires, biologiques, radiologiques et chimiques. Nous souhaitons également donner à la Commission la possibilité de se doter de ses propres capacités logistiques et de transport. Nous voulons enfin renforcer la capacité du Centre de coordination de la réaction d'urgence (ERCC). À ces fins, nous souhaitons augmenter le budget de RescEU de 2 milliards d'euros, via le plan de relance européen (Next Generation EU), en complément des fonds alloués via le cadre financier pluriannuel.

Nous souhaitons également un renforcement de notre action sur le plan externe car la crise du coronavirus a montré à quel point nous étions désormais interdépendants à l'échelle mondiale. Une pandémie est un phénomène mondial et doit être appréhendée à cette échelle, faute de quoi personne, sur la planète, ne sera en sécurité. Les ressources étant limitées, nous devons focaliser nos efforts sur les pays les plus vulnérables ou qui ont été les plus exposés aux crises antérieures.

Avant la crise du coronavirus, l'Organisation des Nations unies (ONU) prédisait que, d'ici 2022, les besoins mondiaux en aide humanitaire, en raison de crises diverses et variées, seraient supérieurs de 55 %, par rapport à 2018, date de laquelle la Commission européenne a présenté son premier projet de CFP. C'est la raison pour laquelle nous proposons de nous doter d'un budget additionnel de 5 milliards d'euros dédié à l'aide humanitaire, via le plan de relance européen, qui s'ajouteraient aux 10 milliards d'euros prévus au titre du CFP.

La cybercriminalité constitue effectivement un enjeu de premier plan, qui pourrait être à l'origine de crises d'une nature nouvelle, par exemple dans l'hypothèse d'attaques contre des infrastructures vitales, mais ce sujet ne relève pas de mon champ de compétences, puisqu'il relève du vice-président de la Commission en charge de la sécurité numérique. Je voudrais néanmoins mentionner un aspect lié à la pandémie, ce que nous avons appelé « infodémie » : pendant la crise du coronavirus, nous avons assisté, dans le monde numérique, et en particulier sur les réseaux sociaux, à une prolifération de fausses informations (« fake news ») et de théories du complot.

Notre réponse a été d'accentuer nos efforts de communication, afin d'informer les citoyens européens en nous basant sur les faits, afin que chacun prenne conscience de la gravité et du sérieux de de la pandémie

Jusqu'à la fin de l'année, nous sommes dans une phase de transition vis-à-vis du Royaume-Uni ; à maints égards, celui-ci est encore considéré, pour quelques mois, comme un État membre. Durant cette phase de transition, le Royaume-Uni participe pleinement au mécanisme européen de protection civile. Il a par exemple affrété certains des vols de rapatriement de citoyens européens effectués par le biais de ce mécanisme, et des citoyens britanniques ont été rapatriés par des vols affrétés par d'autres États membres. À la fin de la période de transition, le Royaume-Uni sera considéré comme un pays tiers. J'espère néanmoins que nous serons en mesure de mettre en place un niveau élevé de coopération en matière de protection civile et d'aide humanitaire. Naturellement, le mécanisme européen de protection civile restera accessible, en cas de crise, au Royaume-Uni, qui pourra demander l'assistance de l'Union, comme tout pays, qu'il soit ou non membre de l'Union européenne.

J'espère que nous pourrons mettre en place une bonne coopération dans le domaine de l'aide humanitaire, le Royaume-Uni figurant, comme l'Union européenne et ses États membres, parmi les premiers donateurs mondiaux en matière d'aide humanitaire. Il est dans notre intérêt de continuer de coopérer afin de maximiser l'efficacité de nos efforts et d'optimiser nos initiatives mais aussi de renforcer notre capacité à faire prévaloir les principes d'aide humanitaire internationale. Nous avons aussi de très bons rapports avec d'autres grands pays donateurs tels que la Norvège, le Canada ou les États-Unis.

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