Intervention de Nikolaus Meyer-Landrut

Commission des affaires européennes — Réunion du 9 juillet 2020 à 8h35
Institutions européennes — Audition de s. e. M. Nikolaus Meyer-landrut ambassadeur d'allemagne en france

Nikolaus Meyer-Landrut, ambassadeur d'Allemagne en France :

Nous continuons à penser que l'économie mondiale restera imbriquée et qu'on ne va pas retourner vers une économie strictement continentale et encore moins nationale. Cependant, tous les États réfléchissent à des instruments qui existent déjà en Allemagne.

Ils permettent de limiter les investissements étrangers dans des secteurs stratégiques à définir. Je pense que le champ est aujourd'hui plus large qu'il ne l'était. Ce sont des instruments qui nous permettent de défendre un certain nombre de nos industries contre des assauts trop brutaux. Le président américain avait annoncé, sur Twitter, l'achat d'une entreprise allemande produisant des vaccins : l'entreprise n'était pas à vendre ! Il faut, dans ce type de circonstances, montrer qu'il existe des limites.

D'un autre côté, les entreprises parlent aujourd'hui plus facilement de résilience et de plusieurs possibilités d'approvisionnement. Je ne crois qu'on soit sur le point de tout relocaliser, mais nous pouvons prendre des mesures pour pouvoir réagir en cas de crise. Parfois, une chaîne de valeur courte peut présenter plus de difficultés qu'une chaîne de valeur longue. La distance entre les États-Unis et le Mexique n'est pas énorme, mais la situation est très compliquée.

Il faut également dire au consommateur européen que si certains médicaments sont produits en Europe, y compris les substances de base, il se peut que ceux-ci coûtent plus cher. Il en va de même dans l'agriculture. Il nous faut donc convaincre les citoyens ou nos caisses d'assurance maladie de prévoir de consacrer plus de moyens afin de gagner en autonomie.

S'agissant de l'OMC, il est très important d'assurer un mécanisme pour permettre le règlement des différends, même si les Américains n'ont plus d'arbitre au sein de l'organisme qui en est chargé au sein de l'OMC.

C'est à l'Europe de montrer sa capacité à mettre en place les structures nécessaires pour que les arbitrages soient rendus de manière légale, de façon que les entreprises et les pays puissent avoir confiance dans ce système. Un système de commerce mondial qui n'a plus les moyens d'arbitrer les différends va perdre de sa pertinence. Nous soutenons donc pleinement l'initiative de la Commission, et nous espérons que d'autres facteurs appuieront ce type de mécanisme.

Pour ce qui est des marchés de capitaux, je pense qu'il existe un accord sur le plan politique. Sur le plan technique, les choses n'avancent que relativement lentement. Il faut espérer que les acteurs puissent agir rapidement. Nous en avons besoin pour investir.

Quant à la question des fonds de pension proprement dits, je pense que si les conditions sur le marché sont réunies pour qu'un tel fonds puisse voir le jour en Allemagne, les acteurs privés le mettront en place. Cela ne nécessite pas nécessairement un engagement public.

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