En réponse à ces différents intervenants, M. Paul Santelmann a apporté les précisions suivantes :
- il existe une certaine pénurie de personnels qualifiés pour apprécier les acquis de l'expérience ; il faudrait inciter davantage de professionnels à participer aux jurys de validation ;
- il est nécessaire de restructurer l'appareil de formation en vue de renforcer sa qualité et son efficacité avant de chercher à accroître les dépenses de formation des entreprises par le biais d'une incitation fiscale ;
- il suffit de justifier l'existence d'un premier marché pour pouvoir se déclarer comme organisme de formation ; la responsabilité de l'évaluation de la qualité des formations repose au premier chef sur les financeurs, qui devraient assurer par ce biais une régulation de l'offre ;
- la dérive du système est liée à la croyance que le développement des prescriptions insérées dans les cahiers des charges accompagnant les appels d'offres serait un gage de la qualité des formations. Il faudrait plutôt susciter une émulation entre les organismes de formation en leur accordant, en contrepartie, une plus grande liberté en ce qui concerne les contenus et les méthodes pédagogiques ; il convient, en parallèle, de développer les démarches de suivi et d'évaluation des organismes de formation, en s'appuyant notamment sur les usagers ;
- notre système de formation professionnelle a créé des rentes de situation au profit des opérateurs ; par ailleurs, la segmentation de l'offre de formation en fonction des types de publics ne constitue pas un facteur d'efficacité ; les organismes les plus efficaces sont ceux destinés aux cadres, alors que les personnes les moins qualifiées bénéficient d'un système qui n'est pas suffisamment en phase avec l'évolution des métiers ;
- de nombreuses innovations sont mises en oeuvre sur le terrain sans être suffisamment connues ou diffusées ; or, comme le montre l'exemple du secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP), l'ingénierie centrale doit pouvoir se nourrir des initiatives locales ;
- la complexité des dispositifs et des mécanismes de financement conduit les organismes paritaires à se préoccuper davantage de la gestion du système que de ses finalités ;
- à défaut de disposer de l'ensemble des leviers, les conseils régionaux ne peuvent développer une véritable politique stratégique en matière de formation professionnelle ; si le dispositif d'orientation professionnelle doit être mieux adapté aux réalités locales, une éventuelle décentralisation de ces services devrait néanmoins garantir que tous les personnels chargés de l'orientation aient le même socle de compétences sur l'ensemble du territoire, afin de pouvoir comparer leurs performances.