A titre liminaire, je n'ai aucune envie d'évoquer un autre sujet que celui qui nous occupe aujourd'hui. Je ne sais à qui s'adressait cette remarque mais, en ce qui me concerne, je n'en ai pas l'intention, car je pense que ce qui intéresse les étudiants, c'est ce dont nous discutons ce matin et rien d'autre !
Le constat que fait l'UNEF est très similaire à celui qui a été dressé juste avant. Il se trouve que nos quatre organisations ont d'ailleurs participé aux travaux d'une mission d'information de l'Assemblée nationale et qu'elles tirent toutes des conclusions très concordantes de cette situation. Le fait que toutes les organisations étudiantes soient d'accord démontre que nous sommes dans une situation vraiment critique.
Nous avons identifié trois problématiques : une problématique sociale, une problématique universitaire et une problématique de santé mentale.
Pourquoi en est-on arrivé là, notamment sur le plan social ? L'UNEF constate que la précarité étudiante a explosé. Elle était déjà là, mais on atteint des niveaux qui ne l'ont jamais été. Les étudiants qui dorment dans leur voiture sont devenus une situation de plus en plus courante. Certains, pendant la crise sanitaire, ont en effet perdu leur logement. La crise a donc confronté des étudiants à de grandes difficultés.
Les médias ont montré les files d'attente lors des distributions alimentaires. La précarité menstruelle, l'accès aux protections périodiques et aux produits d'hygiène sont également problématiques. Le système d'aide sociale actuel est déjà à bout de souffle et ne nous offre que deux choix : dépendre de nos parents ou nous salarier. Or la crise a affecté à la fois nos familles et l'emploi étudiant.
Les étudiants qui ont été les plus touchés par cette crise sanitaire sont ceux qui occupaient un logement en propre et, ne vivant pas chez leurs parents, ont dû assumer les coûts de ce logement.
Comment avons-nous tiré ces constats ? Nous organisons chaque semaine des permanences syndicales sur les différents territoires. Pendant la crise sanitaire, nous avons dû mettre en place des dispositifs spécifiques. Nous avons, lors du premier confinement, développé avec plusieurs organisations un dispositif appelé « SOS Éducation - Ensemble face au Covid-19 », avec une hotline disponible tous les jours et des permanences régulières. Nous faisions le lien entre les lycéens, les étudiants, les parents d'élèves, etc.
Nous avons dû pérenniser ce dispositif. La hotline est restée installée tout au long de la crise sanitaire. Elle est encore active aujourd'hui. Au-delà, nos sections locales ont dû mettre en place de nouveaux dispositifs de permanence syndicale en s'appuyant sur les réseaux sociaux et sur différents outils pour pouvoir toucher un maximum d'étudiants, car ceux-ci étaient dans une situation critique et n'ont pas eu accès aux services des universités jusqu'à il y a peu.
Nous constatons dans ces permanences un besoin d'accompagnement très fort concernant les aides d'urgence. Cela se retrouve par ailleurs dans les chiffres du réseau des centres régionaux des oeuvres universitaires et scolaires (Crous), où l'on constate une augmentation de 50 à 60 %. Les difficultés alimentaires ont amené l'UNEF à développer des dispositifs de distribution gratuite d'aide alimentaire sur différents territoires. Nous déplorons de semaine en semaine une augmentation du nombre de demandeurs. Plus l'information circule, plus il y a du monde lors de ces distributions.
Nous avons identifié certains profils spécifiques, comme les étudiants étrangers, particulièrement touchés par la crise. Ces étudiants n'ont en effet pas accès au système d'aide sociale et recourent beaucoup au salariat. C'est pourquoi ils ont été particulièrement affectés.
Cela se retrouve également dans les chiffres du réseau des Crous : alors que les étudiants étrangers constituent 13 % de la population étudiante, ils représentent 50 % des demandes d'aide d'urgence.
Nous notons également une augmentation de 3 % du taux d'échec dans les universités. Les différentes promesses faites par le Gouvernement au sujet des examens n'ont pas forcément été tenues, notamment concernant les sessions de substitution. Je rappelle que des étudiants se sont rendus à des examens alors qu'ils étaient infectés !