Intervention de Paul Mayaux

Mission d'information Conditions de la vie étudiante — Réunion du 8 avril 2021 à 11h15
« Audition avec les organisations représentatives des étudiants » — Audition de M. Paul Mayaux président de la fédération des associations générales étudiantes fage Mme Mélanie Luce présidente de l'union nationale des étudiant.e.s de france unef et Mm. Adrien Liénard vice-président naïm shili secrétaire national d'alternative étudiante et jacques smith délégué général de l'union nationale inter-universitaire uni

Paul Mayaux, président de la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) :

La crise a été révélatrice de difficultés qui étaient présentes depuis un certain temps. Les rapports de l'Observatoire de la vie étudiante (OVE) qui vont en ce sens remontent à de nombreuses années - 2008, 2012, 2016. La création des épiceries sociales et solidaires, en 2011, était destinée à répondre à un besoin déjà existant et bien antérieur à cette date.

Les classes moyennes et modestes ont pu être fortement touchées par la crise sanitaire. Des étudiants n'ont pu travailler pendant l'été 2020 pour gagner de l'argent ou n'ont pas trouvé d'emplois étudiants en parallèle de leurs études, notamment dans les secteurs du tourisme, de l'alimentation, du petit commerce ou des services comme les cours à domicile ou le baby-sitting, qui ont fortement été affectés par la crise sanitaire. C'est pour cette raison qu'il est important d'agir.

Par ailleurs, le « Plan 60 000 logements » est aujourd'hui au point mort. En septembre 2019, la réalisation de 30 000 logements était prévue pour la fin du quinquennat. Cette question doit être prioritaire, puisque le logement est l'un des premiers vecteurs d'émancipation et de réussite. Il est difficile de pouvoir suivre un cursus universitaire lorsqu'on n'a pas de toit.

Il faut donc repenser les politiques de construction de l'habitat afin qu'elles prennent en compte des enjeux plus contemporains, comme la crise intergénérationnelle, dont on voit les prémices, afin de trouver des solutions permettant d'impulser des dynamiques à moindre coût.

Un filet de sécurité minimum pour les jeunes et, plus particulièrement, pour les étudiantes et les étudiants, a été promis depuis un certain temps et nous l'attendons tous, s'agissant notamment de la question de la réforme des bourses sur critères sociaux. Ces dernières ne concernent pas aujourd'hui une assez grande assiette de jeunes. Certains sont en dehors de ces dispositifs, et c'est pourquoi il faut envisager une refonte plus structurelle afin de disposer sur le long terme un filet de sécurité minimum. Cela passe aussi par une revalorisation du montant des bourses et par leur indexation sur l'inflation. Quand le coût de la vie augmente alors que les aides n'évoluent pas, les choses peuvent vraiment devenir compliquées.

Le système d'aides financières génère des inégalités ; un ménage peut ainsi percevoir 25 000 euros par an, alors qu'un autre peut bénéficier de 35 000 euros. Ce type d'écart dans l'attribution des bourses sur critères sociaux nécessité d'être réformé.

La pérennisation des mesures prises pendant la crise sanitaire doit à notre sens également être étudiée, en particulier le doublement des capacités en psychiatrie et le recrutement de psychologues pour des consultations gratuites.

Une enquête de l'institut de sondage IPSOS a révélé la semaine dernière que 42 % des jeunes en recherche d'emploi déclarent aujourd'hui avoir des pensées suicidaires à cause de leur situation. Il faut donc les aider à s'insérer sur le marché du travail et leur offrir un accompagnement financier et humain. C'est une demande qui a été étudiée par le Conseil d'orientation des politiques de jeunesse (COJ), dans le cadre des réflexions sur la « garantie jeune universelle ». Peu importe qu'on l'appelle ainsi ou qu'on étende le revenu de solidarité active (RSA) : il faut un filet de sécurité minimum pour les jeunes qui sortent des études, qui ne sont pas pris en compte dans les dispositifs des politiques publiques à l'heure actuelle et qui souffrent d'un manque d'accompagnement financier et humain.

Enfin, il reste beaucoup à faire s'agissant des questions de santé. On enregistre de nombreuses lacunes sur le taux de non-recours, ainsi que j'ai pu le dire, et certains jeunes renoncent aux soins pour des raisons financières. Leur nombre a augmenté de 11 % depuis le début de la crise sanitaire. 43 % des jeunes sont concernés. Une extension de la complémentaire santé solidaire, issue de la fusion entre l'aide au paiement d'une complémentaire santé (ACS) et la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C), à l'ensemble des jeunes permettrait de proposer une mutuelle en rapport avec leur situation financière.

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