Notre syndicat a trois missions : informer, défendre et organiser la solidarité chez les étudiants. L'information est donc notre fonction première. Cela faisait partie des premiers éléments que nous avons mis en avant dans le dispositif « SOS Éducation ».
J'insiste sur le fait que l'on se repose en ce moment beaucoup trop sur ce que font les organisations étudiantes et les associations de lutte contre la pauvreté, les distributions alimentaires étant réalisées en partenariat avec ces associations. Or l'enjeu est aujourd'hui d'avoir une politique publique à la hauteur de tous ces sujets.
Quelles que soient les mesures mises en place sur la question des emplois étudiants, des stages ou même des gestes barrière, cela ne remplacera jamais les politiques publiques, notamment concernant les stages et les emplois. S'agissant des gestes barrière, nous participons simplement à l'effort national et faisons notre part.
Le vrai souci, c'est que nous sommes dans une situation où le taux de chômage explose, notamment chez les jeunes. Au dernier semestre, l'Insee l'évaluait à 18 % et parlait de baisse « en trompe-l'oeil ».
Pour nous, trois sujets se rapportent à l'insertion professionnelle. Vous avez évoqué la prolongation des études : il faut selon nous faire très attention. C'est le choix qui a été fait l'année dernière. Or nous avons observé des « bouchons » à l'entrée en master. Je rappelle qu'il existe encore une sélection entre le master 1 et le master 2 dans certains territoires, et entre la licence 3 et le master 1.
La prolongation des études a fait que certains étudiants ont choisi de s'inscrire à nouveau en master. D'autres n'ont, de ce fait, pu avoir de place. Si l'on veut prolonger les études, il faut absolument créer des places.
S'agissant de la question de l'insertion, l'ARPE a été mentionnée. J'attire votre attention sur le fait qu'un décret a été publié fin 2020 par la ministre du travail, qui l'a remise en place sans la nommer, mais en la diminuant.
Cette aide a été créée en 2016. Elle permettait de continuer à recevoir pendant quatre mois une bourse du même montant que ce qu'on percevait auparavant. Avec le nouveau décret, on ne reçoit plus que 70 %. Par ailleurs, les démarches sont encore très floues. Je ne pense donc pas qu'il y ait actuellement beaucoup de bénéficiaires.
Enfin, comment faire en sorte de répondre au déficit d'emplois ? C'est une problématique plus générale, qui relève de ce que nous appelons la politique d'incitation à l'embauche des jeunes en contrat à durée indéterminée (CDI). Selon nous, le plan « Un jeune, une solution » est un échec : beaucoup d'argent a été investi, sans que l'embauche soit aucunement conditionnée à un recrutement en CDI.
Pour ce qui est de l'accès à des psychologues, nous avons mis en place une action avec l'association REVES Jeunes afin de mettre des professionnels à disposition des étudiants. Il existe une vraie demande, malgré le « chèque psy ». Je suis toutefois d'accord avec la réserve que vous exprimiez : on constate une barrière chez les étudiants lorsqu'il faut consulter un psychologue, tout comme dans le reste de la société française. Il existe un tabou, et il y a un travail à faire sur ce sujet.
Concernant la prostitution étudiante, je ne peux que souscrire à ce qui a été dit. Elle existe malheureusement. Nous avons aussi des témoignages, mais nous n'avons aucun chiffre précis. Il serait bénéfique pour la population étudiante que le Sénat se penche sur ce sujet.
Je voulais revenir sur la CVEC, qui souffre d'une véritable opacité. Je pense qu'il faut demander aux universités un bilan de son utilisation par rapport aux années précédentes. Nous l'avons réclamé à plusieurs reprises au ministère. Il nous avait été promis pour juillet dernier : nous n'avons jamais su, université par université, comment était utilisé cet argent. À l'origine, nous étions opposés à la mise en place de la CVEC. Maintenant qu'elle est en oeuvre, il faut au moins que l'on sache où va l'argent !
Quant aux sites délocalisés, il est selon nous essentiel d'avoir un maillage territorial. Dans certains endroits, il existe des formations très spécialisées, dans d'autres non.
Le Gouvernement a mis en place un « chèque psy », mais nous revendiquions un « chèque santé », qui existait dans plusieurs régions avant leur fusion. Vous devez connaître ce dispositif. Si l'on permettait à tous les territoires d'avoir ces « chèques santé », on aurait au moins une réponse.
Enfin concernant le logement, il est urgent d'augmenter les aides, de la même manière que nous demandons une revalorisation des bourses. La réponse n'est pas le ticket de restaurant universitaire. On va investir de l'argent dans un service d'aide alimentaire aux étudiants qui ne sera pas le réseau des Crous et créer une concurrence sur certains territoires. Au lieu de donner de l'argent au service public, on va le donner au secteur privé. Il faut donc faire les bons choix !