Madame Férat, je partage évidemment vos inquiétudes quant au suicide des agriculteurs. Nous nous attachons à contribuer activement à sa prévention par la formation humaine, les notions de groupe, de collectif, d'équipe, de confiance en soi et de solidarité. Ces valeurs sont essentielles pour rompre la solitude de l'agriculteur dans son exploitation face à ses problèmes. Nouer un collectif et un réseau de solidarité est extrêmement important. Par ailleurs, concernant les compétences administratives et de gestion, après une consultation menée en 2019 et 2020, nos formations évoluent et apportent des compétences sur la réalité d'un coût, le calcul de la rentabilité, la gestion économique, la chaîne de valeur, les autres voies de distribution et de commercialisation. Cet enrichissement de nos formations permet à nos élèves, étudiants et apprentis d'être mieux armés qu'auparavant.
En ce qui concerne le numérique, notre enseignement agricole propose des TIM (technologies informatiques et médias) qui ont été développées pour que nos jeunes soient compétents dans la manipulation de ces outils.
Quant à la question de M. Labbé sur l'agriculture biologique, nous la considérons comme un des développements d'une approche agroécologique. Il est fondamental que tous nos élèves aient une approche de la production conçue sur une approche intégrée des cycles biologiques. Si certains veulent aller plus loin et se lancer dans l'agriculture biologique, il faut au préalable qu'ils aient la boîte à outils de base de l'agroécologie. Pour certains diplômes, des mentions « agriculture biologique » existent et peuvent être délivrées. Une convention existe également avec la filière bio pour développer ce type de modules ou de formations complémentaires. Un quart de notre surface agricole utile est déjà en agriculture biologique. Cela démontre notre engagement clair dans ce processus. Cela ne signifie pas que toute l'agriculture de demain doit être en bio : il faut que l'agriculture française soit diverse mais, a minima, toute l'agriculture française doit être agroécologique.
Sur les circuits courts, il s'agit de munir les jeunes et les moins jeunes d'un bagage leur permettant de ne pas être uniquement dépendants d'opérateurs de distribution qui leur imposeront un modèle et de pouvoir, le cas échéant, développer leur propre modèle. Les circuits courts sont une source de revenus complémentaires pour nombre d'agriculteurs.
Nos formations sont déjà adaptées pour des personnes non issues du milieu agricole. En effet, dans nos effectifs, seule une petite partie des jeunes sont issus du milieu agricole, y compris dans les formations de production agricole. Cela fait donc des années que nous accueillons des jeunes issus de milieux urbain et péri-urbain. Toute notre pédagogie est déjà conçue pour les intégrer. Il en va de même pour les moins jeunes, issus du milieu urbain, qui seront de plus en plus nombreux. Nous ressentons une tendance de cette population en pleine réorientation et en quête de sens dans leur travail.
Par ailleurs, s'agissant des MFR, je précise que nous travaillons activement avec elles dans le cadre de la baisse des effectifs. Je comprends votre raisonnement sur l'accueil des jeunes de moins de 14 ans et dans une certaine mesure, j'y adhère. Toutefois, la réglementation est liée à la sécurité dans ces formations professionnalisantes. Même avec les plus de 14 ans et un plan de mise en sécurité des apprenants, l'accidentologie est non négligeable. Il faut trouver un seuil, un équilibre entre le souci d'insérer les jeunes et de les protéger. Donc, aujourd'hui, nous ne sommes pas dans une trajectoire pour essayer d'obtenir une dérogation à cette limite d'âge.