Pour ce qui est du phénomène de retour à la campagne, nous devons saisir comme des opportunités certaines conséquences de la crise. Les Français ont compris que l'alimentation était essentielle et que vivre à la campagne offrait une qualité de vie.
Nous développons des travaux, y compris dans l'enseignement supérieur agricole, sur l'agriculture urbaine. Pour exemple, le potager sur le toit d'AgroParisTech, rue Claude Bernard. Certes, ces projets répondent à une demande sociétale, mais ce n'est pas avec l'agriculture urbaine que l'on nourrira la France demain. C'est parfois un autre mode de culture et une autre approche.
Monsieur Segouin, je n'ai pas vu l'émission de M6. Je suis donc démunie pour vous répondre avec précision. Cependant, je suis particulièrement concernée par la question de la valeur gustative et des traces de contaminants. Il est important pour nous d'assurer pour nos jeunes une formation fondée sur la science. Outre cette formation scientifique avec un socle à jour, nous les formons également sur les controverses sociétales vives et les débats. Avec les TIM, ils apprennent également à aller chercher l'information sur le net, à faire le tri et à avoir une approche critique.
Concernant l'agribashing, la formation de l'enseignement agricole pâtit de la mauvaise considération que peuvent avoir l'agriculture et l'alimentation dans une partie de la population. J'ai indiqué que nous avions lancé une grande campagne de communication sur les formations. Une campagne sur les métiers et la noblesse du métier et de l'agriculture va également suivre. C'est un travail permanent du ministère qui a réussi à mobiliser d'importants crédits du plan de relance sur cette communication.
Quant à la difficulté des lycées d'avoir des apprentis, là aussi, c'est un travail permanent. Toutefois, cette difficulté est variable selon les établissements. L'important est de développer la communication sur ces formations et d'organiser des visites. Or nous sommes encore handicapés par cette interdiction d'organiser des journées portes ouvertes en présentiel.
Concernant la question des jeunes qui ne seraient pas armés pour la gestion, l'économie et la commercialisation des produits, je ne partage pas cette perception. Dans nos formations, nous avons d'importants modules d'économie et de gestion. Ils évoluent en permanence. Il est possible que les anciens diplômés n'aient pas bénéficié d'une formation aussi solide que celle délivrée aujourd'hui. Cependant, nous avons pour mission de faire de nos jeunes de vrais gestionnaires, pour générer des revenus et le cas échéant diversifier leur production.
Je pense que l'originalité du modèle pédagogique des MFR est identifiée par nombre d'acteurs de l'Éducation nationale qui montrent un intérêt, une curiosité pour cette pédagogie. Pour preuve, les différents ministres de l'éducation nationale s'intéressent à ces dispositifs et, au-delà des MFR, aux innovations pédagogiques de l'enseignement agricole, telles que la pluridisciplinarité ou l'acquisition progressive des diplômes par blocs de compétences. Dans certains cas, l'enseignement agricole est pris comme poisson-pilote. Dans l'enseignement supérieur, nous avons conduit une réforme sur la semestrialisation du BTS. Le ministère de l'enseignement supérieur était très intéressé par cette expérience. Je réaffirme l'idée selon laquelle nous sommes complémentaires et non en concurrence.