Intervention de Marie Trellu-Kane

Mission d'information Culture citoyenne — Réunion du 1er février 2022 : 1ère réunion
Audition Mme Marie Trellu-kane présidente d'unis-cité

Marie Trellu-Kane, présidente d'Unis-Cité :

Oui. Un ami a monté le dispositif InSite, qui se consacre à la mobilisation de jeunes en service civique en milieu rural, mais il est à ce jour très peu développé (dix jeunes). Les besoins en termes de mission sont énormes, et les jeunes qui pourraient sortir de leur déserrance grâce au service civique sont nombreux aussi. Il faut cependant pour cela effectuer un travail de précision avec les pôles d'appui. Nous avons mis en place avec l'Agence nationale pour la cohésion des territoires (ANCT) des « kiosques » d'information dans les quartiers prioritaires pour inciter les jeunes à s'engager. Nous avons également mis en place des kiosques dans des territoires ruraux pour aller parler aux jeunes et trouver des structures pour les accueillir. Unis-Cité ne peut pas tous les accueillir ! Nous oeuvrons donc pour inciter les structures à accueillir ces jeunes et à lever les a priori. Les jeunes des quartiers prioritaires, même s'ils veulent s'engager, trouvent en effet souvent porte close. Nous effectuons donc cette médiation, par le biais souvent d'anciens volontaires du service civique qui vont vers les structures et les jeunes. Cela fonctionne très bien. Une fois que les jeunes sont sortis du quartier et se sont engagés pour faire quelque chose d'utile pendant huit mois, ils ne vont pas retourner à des comportements déviants au regard de la loi.

Ces actions sont parallèles au service civique, c'est Unis-Cité qui les monte avec d'autres financeurs (région, fond social européen, politique de la ville, etc.), mais elles ne sont pas systématiques, ce qui est regrettable.

Concernant le SNU, toutes les expériences à l'international s'appuient sur une durée de six à vingt-quatre mois. À mes yeux, un service qui dure un mois n'est pas un service national car un mois ne suffit pas pour rendre service à la nation. L'expérience de terrain me fait même dire qu'il faudrait plutôt huit mois au minimum. En deçà de cette durée, nous ne serons pas en mesure de trouver des structures souhaitant accueillir les jeunes pendant cette période. Ce qui fonctionne avec le service civique, c'est de mettre les jeunes en position d'être acteurs, de se sentir utiles à la société. Il faut le généraliser et le compléter - et cela pourrait être ça, le SNU - d'un parcours consistant, depuis la maternelle jusqu'au lycée, d'éducation à la défense, à la citoyenneté, au respect des valeurs républicaines. À cet égard, ce qui est enseigné à l'école est insuffisant et ne sera pas remplacé par une formation d'une ou deux semaines. Il faudrait faire évoluer le projet de SNU pour prévoir un temps d'éducation, mais en commençant plus tôt et en l'étalant dans le temps pour que cela ait plus d'impact en termes éducatifs. Il faudrait ensuite généraliser le service civique. Je ne dis pas de le rendre obligatoire, car cela soulève de nombreux obstacles. Une option serait de rendre le service civique universel, sans pour autant le rendre obligatoire, en le prescrivant de manière assez systématique après le bac, et en incitant tout de suite les jeunes qui décrochent avant le bac à s'engager en service civique. Certains jeunes arrêtent l'école à 16 ans. Tant qu'ils sont à l'école, le système les connaît, mais après on les perd de vue. Il faudrait donc tout de suite leur trouver une mission, une structure qui les accueille en service civique, pour leur permettre de rebondir. Nous avons mis en place un programme spécifique pour les mineurs décrocheurs, qui s'appelle booster, dans lequel l'accompagnement est plus dense, avec de la remise à niveau, éventuellement dans des lycées avec des professeurs de français et de mathématiques. Un jeune sur deux reprend le lycée par la suite. Nous avons un système qui fonctionne avec le service civique. Il faudrait peut-être l'améliorer pour éviter les dérives, puis le systématiser pour donner un second souffle à des enfants qui ne sont plus motivés par l'école. Pour les enfants qui n'ont pas de difficulté scolaire, la généralisation d'une année de service civique après le baccalauréat permettrait d'améliorer sensiblement l'orientation. Il faudrait donc généraliser le service civique ; le SNU utile serait celui qui comprendrait un parcours d'éducation renforcé dès le plus jeune âge et un service civique universalisé.

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