Merci, monsieur le sénateur, de nous recevoir.
Le Haut conseil pour le climat est un organisme indépendant. Il a été créé il y a trois ans par la loi Énergie-climat. Cet organe est constitué d'un groupe d'experts chargé d'évaluer la stratégie du Gouvernement en matière climatique. Notre mission principale consiste à publier annuellement un constat sur l'évolution des politiques publiques. Celui-ci est associé à une série de recommandations.
Jusqu'à présent, nous avons estimé que la France avait les bons objectifs à long terme. Ainsi, atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 nous semble à la fois nécessaire et possible pour un pays comme le nôtre. La réduction des émissions de gaz à effet de serre est par ailleurs souhaitable.
Toutefois, la France ne semble pas sur la bonne trajectoire en termes de réalisation. La diminution en émissions est trop lente pour nous permettre d'atteindre les objectifs fixés. La pénétration des mesures et actions est, pour sa part, insuffisante. Nous relevons, de plus, trop d'incohérences au sein des politiques publiques. La planification est enfin insuffisante, de même que la répartition d'actions et de financements spécifiques par ministère.
Il existe un lien très fort entre climat et santé. Les ramifications sont à la fois nombreuses et bien démontrées. Ainsi, la pollution de l'air est à l'origine de plus de centaines de milliers de décès prématurés en Europe. Cette tendance atteint le million à l'échelle mondiale. Les risques sur la santé sont également multipliés par les évènements extrêmes, à l'instar des vagues de chaleur, et des inondations. Citons également les maladies infectieuses, et les risques liés à la qualité de l'alimentation.
Le Haut conseil pour le climat a, pour sa part, travaillé sur plusieurs problématiques en lien avec la pollution de l'air.
La mobilité est, dans ce cadre, une question importante. En effet, le transport routier (voitures et poids lourds) est le premier émetteur de gaz à effets de serre. Il émet également des particules fines et du dioxyde de carbone.
Le bâtiment est un autre émetteur important, avec une forte utilisation de gaz, de pétrole, et de bois. Les particules fines liées à ces matériaux contribuent par ailleurs à la dégradation de l'air intérieur. Ce secteur, qui a donc des effets sur la santé, pose en outre la question de la précarité énergétique.
L'agriculture est aussi à l'origine d'un phénomène de pollution de l'air. L'usage des pesticides pose par ailleurs des problèmes de polluants.
Enfin, l'industrie et l'énergie produisent du soufre et des particules azotées.
Nous savons que l'implémentation de politiques fortes dans ces quatre domaines permet de réduire la production de polluants atmosphériques. De même, certaines solutions proposées dans le cadre de la lutte contre le changement climatique ont des effets directs sur la santé. C'est notamment le cas du transport actif, encouragé dans les villes (marche et vélo), de l'alimentation saine, et de la préservation des écosystèmes.
Ainsi, les émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques sont étroitement liées, et malgré des diminutions, des blocages demeurent.
Avant de céder la parole à ma collègue, je souhaiterais rappeler un certain nombre de recommandations formulées par le Haut conseil pour le climat.
Nous estimons d'abord que les politiques publiques doivent être clarifiées, et que les questions climatiques doivent y être inscrites de manière centrale.
L'objectif à court terme mérite par ailleurs d'être rehaussé. Cette proposition avait été mentionnée à l'échelle européenne. Parallèlement, tous les acteurs impliqués doivent être mis au courant très clairement des enjeux en matière de réduction des émissions.
Nous avons également besoin d'un pilotage interministériel au niveau du Premier ministre afin que des stratégies fines voient le jour dans tous les secteurs et sous-secteurs impliqués. La mise en place de financements à long terme, de processus d'évaluation et d'une intégration de l'adaptation est par ailleurs nécessaire.