Vous avez prononcé le mot d'éducation : vous pouvez vous empoisonner en consommant 10 kilogrammes de jaunes d'oeuf ou en absorbant 50 litres d'eau par jour !
On assiste à un raz de marée marketing auprès des jeunes sportifs. C'est une question d'éducation. Ce n'est pas parce qu'un produit ne contient pas de substances dopantes qu'il ne faut pas y prendre garde, au contraire. Dans certains tournois de tennis, on trouve parmi les balles de petits échantillons...
Il existe sur Internet des produits qui ne paient pas de mine, mais qui contiennent des substances dopantes. Il s'agit de petits buvards qu'on place sous la langue. Cela facilite le passage à l'acte. Une injection d'EPO est un acte invasif. Certains s'y refusent. Prendre un produit que l'on place sous la langue, pour permettre aux hormones de passer plus facilement, est un geste simple. Les douanes n'y voient malheureusement que du feu, ce type de produits transitant facilement par la Poste.
Les produits dopants que l'on trouve aujourd'hui sur Internet sont « marketés » comme du parfum ou des jeux vidéo. Vous les recevez deux jours après les avoir commandés. Sans éducation à la conduite face aux produits dopants, le passage à l'acte peut être aisé.
Le rôle des médecins et de l'entourage est important. Il faut établir une nuance entre les sportifs les plus jeunes et les sportifs de haut niveau. J'en ai eu certains au téléphone. J'étais alors contre les compléments alimentaires : cela ne sert à rien ! Il faut plutôt en sécuriser le contenu...
Je me souviens d'un sportif de Ligue 1 qui considérait que boire un simple jus d'orange constituait déjà une façon de se doper ; il n'absorbait donc rien d'autre que de l'eau. Ses performances étaient devenues tellement catastrophiques qu'il a directement pensé au dopage ! Rejeter tous les compléments alimentaires n'est donc pas forcément productif.
Il faut accompagner, réguler, interdire lorsqu'on en a le pouvoir éducatif. Je suis intervenu un jour dans un club de rugby régional où certains jeunes voulaient prendre de la créatinine pour ressembler à Jonah Lomu. Or, ces jeunes n'avaient que treize ans. La créatine n'a jamais été considérée comme un produit dopant, mais était cependant interdite à la vente en France, certains lots de créatine étant considérablement contaminés. On s'est aperçu en fin de compte que l'encadrement n'avait pas établi de règles, en particulier sur le plan de l'alimentation. Les jeunes s'étaient fait leur propre représentation, pensant qu'on attendait d'eux qu'ils ressemblent à Jonah Lomu !
Il faut donc que l'encadrement aide le sportif -et les sciences humaines sont importantes dans ce domaine- à prendre du recul sur sa consommation et sur son rapport à la performance et à la compétition.