C'est en effet très compliqué ! Le Monde a mené une réflexion sur la façon de couvrir le Tour de France. Nous avons toujours mis de la distance avec l'événement, en tentant de ne pas alimenter le spectacle mais en rédigeant des papiers qui essaient de donner des clés aux lecteurs pour qu'ils se fassent leur opinion. C'est un comportement quelque peu schizophrénique...
Le Monde n'est pas un journal spécialisé. Il n'en va pas de même pour la presse sportive. Ce n'est pas le sport qui fait vivre Le Monde, qui génère de l'audience et des recettes publicitaires -même si le sujet intéresse également le lecteur du Monde. Il l'intéresse aussi parce que Le Monde porte un autre regard sur le sport...
Nous ne parlons pas que de sport professionnel. Par exemple, dans le cahier « Sports et forme », mis en place il y a deux ans, nous parlons aussi du sport amateur, pour essayer de valoriser les dimensions du sport qui nous semblent importantes. Moi qui ai fait du sport, je sais que le sport reste une école de la vie et d'épanouissement de soi-même. Nous essayons de valoriser des expériences d'associations qui recourent au sport pour ses qualités éducatives. Il ne faut pas tout jeter, même dans le sport de haut niveau.
Je ne prétends pas que tous les sportifs sont dopés, mais il faut cesser d'affirmer qu'il existerait un sport à protéger de facteurs extérieurs. Le dopage fait partie des outils et des moyens mis à la disposition du sportif pour réussir. La médecine du sport, créée dans les années 1960, a été mise en place pour aider à améliorer les performances des sportifs. On est là dans une démarche qui n'est pas naturelle, à la limite du dopage. Tout le débat réside dans la définition de ce qui est interdit ou autorisé. Où est le seuil de la douleur, qui est la base du dopage ? Jusqu'où la tolère-t-on ? Jusqu'où en repousse-t-on les limites ? C'est presque un débat philosophique...