J'ai rencontré différents profils de sportifs. Certains jouent les victimes, mais ils assument généralement. Il existe dans le cyclisme une expression, celle de « faire le métier » : ils ont simplement « fait le métier ». Je le crois également. C'est le cas de Lance Armstrong, même s'il a poussé un peu loin le système et l'organisation. Ce sont des professionnels...
J'ai dit en préambule que j'estimais que le dopage était consubstantiel au sport. C'est aussi une question de morale, et je ne veux pas juger de ce qui est bien ou mal. C'est un autre débat. On demande au sportif d'être un modèle, mais on veut également des performances. C'est selon moi parfois antinomique !
Quant à Fuentes, ce n'est pas un maffieux, ni un délinquant. Ce n'est pas non plus un entraîneur. Il ne manage pas d'équipe. C'est un préparateur physique. On peut dire que le préparateur prend le pas sur l'entraîneur. Il est important dans le dispositif. C'est quelqu'un de très intelligent, un médecin, qui a fait une thèse sur le sport et les performances sportives. Il a notamment travaillé sur l'incidence des étapes alpestres du Tour de France sur la physiologie des coureurs. Sa théorie est que le sport de haut niveau est plus dangereux pour la santé qu'une autotransfusion sanguine bien maîtrisée. Beaucoup d'autres médecins le pensent aussi, estimant que le sport de haut niveau est traumatisant, mauvais pour la santé, et que le médecin doit intervenir pour en corriger les effets néfastes. Toute sa démonstration et celle de ses avocats repose sur ces éléments.
Les médecins de la Juventus de Turin disaient la même chose. Les prélèvements sanguins hebdomadaires étaient selon eux destinés à vérifier l'absence de problèmes. Cela permettait en fait de planifier, d'anticiper les contrôles antidopage, d'estimer la dose que l'on pouvait ajouter ou non sans que personne ne s'en rende compte...