Intervention de Anton'Maria Battesti

Commission d'enquête Souveraineté numérique — Réunion du 18 juillet 2019 à 9h50
Audition de M. Anton'maria Battesti responsable des affaires publiques de facebook

Anton'Maria Battesti, responsable des affaires publiques de Facebook France :

Nous ne sommes pas naïfs. On sait que la pente est raide en matière de confiance, et qu'une fois perdue, il est très difficile de la regagner. De manière générale, la confiance dans les institutions financières est assez faible. Facebook est conscient de l'image générale de ce secteur. David Marcus a présidé Paypal, il a une vraie légitimité en la matière et il a conscience des difficultés.

Il faut changer la méthode. Si vous lancez un produit, puis que vous en discutez après avec les autorités, cela pose problème. Cela a pourtant été la méthode la plus fréquemment utilisée par la Silicon Valley. Je ne remets pas en cause cette période, qui a été caractérisé par un foisonnement d'innovations. Dans le cas présent, nous proposons un renversement de la méthode de travail : cet outil ne sera pas lancé tant que nous n'aurons pas l'accord pour le faire. En matière financière, les barrières à l'entrée sont importantes, et à juste titre, car il y a un risque systémique. On ne pourra pas nous croire sur parole. Aussi, le lancement du Libra se fera sous les auspices de ceux qui ont la légitimité pour nous en donner l'autorisation et pour contrôler ce que nous ferons. C'est seulement dans ces conditions que la confiance pourra s'installer.

Vous m'interrogez sur les données. Mon banquier sait tout de moi. Il sait où je suis allé, à quelle heure, ce que j'ai acheté. Sur les applications bancaires, il est possible de classer ces dépenses par catégorie. Le RGPD nous indique comment développer de nouveaux services. Si nous avons le consentement des usagers, nous pouvons le faire. Le RGPD ne dit à aucun moment que l'on ne peut plus rien faire ! Ce texte s'inscrit dans une logique de responsabilisation et de sanction. On ne peut rien faire sans l'aval du régulateur. Nous n'avons pas le choix, nous devons demander l'autorisation avant d'agir. D'ailleurs, je ne peux qu'inciter les pouvoirs publics à muscler les régulateurs, à faire en sorte qu'ils soient vraiment en concurrence avec nos entreprises pour attirer les nouveaux talents et recruter les meilleurs. En outre, les serviteurs de l'État peuvent se nourrir d'une expérience du privé.

Nous sommes favorables à une supervision des plateformes. Il faut une régulation complète sur des domaines qui touchent à la vie démocratique telles que les publicités politiques, mais aussi le contrôle des contenus, le transfert de données etc. Faites-le ! Nous nous inscrivons dans une logique de proposition et de dialogue.

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