Intervention de Valérie November

Mission commune d'information Inondations dans le Var — Réunion du 5 juin 2012 : 1ère réunion
Audition de Mme Valérie November géographe directrice de recherche au cnrs

Valérie November :

C'est pourquoi je voulais vous faire part de cet exemple...

On fait souvent face à des séries de rendez-vous manqués : les informations ne sont pas prises en compte par les acteurs et ne se traduisent pas en actions concrètes. Dans beaucoup de situations, il existe des métriques sectorielles très localisées. On agit comme si le territoire était doté de barrières. On comprend qu'il existe des raisons administratives mais la question des risques dépasse néanmoins le territoire.

Dans l'exemple en question, le calcul de crue était bon mais il n'existait pas de réflexion en termes de bassin-versant. Depuis, les choses ont beaucoup changé. Il n'y avait pas non plus de mise en relation avec la dynamique d'extension du village. Les connaissances hydrologiques n'étaient donc pas mises en relation avec les questions d'aménagement du territoire. Or, la problématique des eaux de ruissellement est totalement induite par l'urbanisation.

J'attire votre attention sur le fait que si les connaissances sur les risques existent, le risque identifié n'est parfois pas celui à l'origine de la catastrophe. C'est un problème intrinsèque à la notion de risques. On se prépare à quelque chose, on élabore des plans mais ce n'est pas ainsi que les choses se produisent.

Les recherches montrent qu'il est nécessaire d'intégrer la réflexion sur les risques à la réflexion sur l'urbanisme et l'aménagement du territoire.

Le problème vient du fait qu'il s'agit d'instances différentes, dotées de temporalités conflictuelles. Le temps de l'aménagement du territoire n'est pas le même que celui des risques qui peuvent se produire. Ils ont des cinétiques différentes.

Comment flexibiliser l'aménagement du territoire ? En Suisse, on établit souvent un plan directeur coulé dans le marbre, qui délimite une zone à bâtir sur le long terme -30 à 50 ans...

Les catastrophes permettent d'induire un certain nombre de changements mais on prétend souvent que la mémoire du risque ou de la catastrophe se conserve sept ans maximum ; au-delà il est très difficile de se souvenir des choses...

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