Intervention de Valérie November

Mission commune d'information Inondations dans le Var — Réunion du 5 juin 2012 : 1ère réunion
Audition de Mme Valérie November géographe directrice de recherche au cnrs

Valérie November :

En effet. Aucune catastrophe ne ressemble à une autre et les ingrédients du risque ne sont jamais les mêmes. C'est pourquoi j'en arrive à mon équation -qui est très succincte et peut varier selon les disciplines- selon laquelle le risque est constitué par le danger multiplié par la vulnérabilité. Un tel raisonnement ne permet toutefois pas de prendre en compte la diversité des connaissances qui existent, la connaissance experte étant à la base de cette équation.

Cela ne renseigne pas non plus sur les acteurs. Bien sûr, il existe des acteurs stables, institutionnels mais on trouve également sur le territoire de nouveaux habitants qui ne connaissent rien du passé du lieu. Comment les impliquer dans la connaissance de leur territoire ?

Cette équation ne permet pas plus de suivre les transformations du risque à travers le temps et l'espace.

C'est pourquoi je ne parle jamais d'aléa ou de danger et de vulnérabilité : selon moi, c'est la vision experte des ingénieurs. Je préfère parler d'un processus à décrypter. Pour dire qu'il y a un risque, il faut être capable de l'identifier, de le décrire et de la qualifier. Il existe des éléments catastrophiques pour nous renseigner mais aussi des micro-événements qu'on n'a pas l'habitude de prendre en compte de façon sérieuse. Il s'agit de petites alertes.

Quand on interviewe les gens sur le terrain, on en retire le sentiment que cela faisait un certain temps que les choses avaient changé. Comment se saisir de ces micro-événements en amont, avant que la catastrophe ne se produise ?

Ces événements constituent un autre moment, fait d'une multiplicité d'expériences. Chaque acteur concerné -institutionnel, politique, économique, habitants, riverains, météorologues, scientifiques- bénéficie d'une multiplicité d'expériences qui vont produire une pluralité de connaissances.

Au cours de ce processus, des arguments vont se développer. Des contradictions, des désaccords, voire des controverses et des conflits vont apparaître. Cela fait partie de la saisie du risque.

Je propose de ne plus se pencher sur les catastrophes mais d'être attentif au risque lui-même. Vous aurez peut-être remarqué que dans la présentation des situations, risques et catastrophes sont mêlés. Pourtant le risque préexiste avant toute catastrophe. Il est porteur de signaux. Une fois qu'il s'est transformé en catastrophe ou en micro-événement, il va laisser un certain nombre d'empreintes ou de traces sur le territoire qui peuvent constituer le moyen de le garder en mémoire.

Pour comprendre cette dynamique et la gérer, il faut admettre qu'il existe des enjeux territoriaux et une spatio-temporalité des risques.

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