Comme cela a été dit, nous avons publié, avec les deux organisations dont les représentants viennent de s'exprimer, un document commun avec le patronat, fruit d'un équilibre raisonné entre les analyses des organisations patronales que sont le Medef, la CGPME et l'UPA, centrées sur le coût du travail et celles de nos trois organisations, d'une autre tonalité. Nous sommes ainsi parvenus, sur des sujets économiques fondamentaux, à publier une vision commune. Il demeure certes entre nous des nuances, et l'on a vu, au travers des interventions de M. Giffard et de Mme Descacq, que la CFE-CGC est plus allante en faveur des exonérations portant sur le haut de l'échelle salariale que la CFDT, qui met moins d'énergie en ce sens mais n'en est pas moins ouverte à un tel élargissement, pour que nos entreprises industrielles soient plus compétitives.
Parler de coût du travail, c'est user de mots qui fâchent, en donnant à des auditeurs sans formation économique le sentiment qu'on leur reproche d'être trop payés, ou que leur protection sociale coûte trop cher. C'est pourquoi nous préférons parler de nouveau financement de la protection sociale. La connotation est tout autre ; même s'il peut exister, là aussi, des dissensions sur les options, c'est un angle de vue qui ne fait pas porter la culpabilité sur les salariés.
Si l'on s'attache à l'histoire économique de la France depuis la seconde guerre mondiale, on s'aperçoit que le franc a été dévalué d'un tiers tous les dix ans par rapport au deutsche mark. Il n'y avait alors pas de concurrence des pays émergents et les industriels, ainsi qu'en témoignent les articles d'alors dans les journaux qui leur étaient proches, comme Valeurs Actuelles, réclamaient avec persévérance des dévaluations. Or, c'est là un fort mauvais moyen de restaurer la compétitivité. La dévaluation ne joue que sur l'effet prix et appauvrit l'ensemble du pays : on vend de moins en moins cher et quelques années après, on demande à nouveau une dévaluation...
Notre économie a ainsi été dopée, durant des décennies, par les dévaluations. Mais aujourd'hui, alors que l'euro a mis fin au jeu des dévaluations et que nous sommes confrontés à la concurrence des pays émergents, nous sommes requis de monter en gamme, et cela exige un effort collectif.
Nous sommes favorables, à la CFTC, aux exonérations de charges, dont une part significative devrait être affectée à un niveau, dans la hiérarchie des salaires, en adéquation avec notre modèle de société industrielle soumise à la concurrence internationale.