Nous sommes unanimes pour estimer que le compte pénibilité pose de nombreux problèmes et aura des effets néfastes sur l'emploi. Nous l'avons dit tant à l'Assemblée nationale qu'au Sénat, mais en France, nous manquons de pragmatisme. Prenons l'exemple d'un maçon auprès duquel travaillent deux compagnons. Dans l'état actuel de la loi, il lui faudra remplir pour chacun d'eux des fiches journalières.
Depuis janvier 2012, la situation économique des artisans est catastrophique. Des entreprises à la limite de la faillite devront mettre en oeuvre ce dispositif. Des mouvements violents, comme ceux du Poitou-Charentes ou de Nevers, qui appellent au non-paiement des cotisations sociales, pourraient se multiplier.
Mélanger les questions de pénibilité et le dossier des retraites, aboutissant de facto à la création d'un nouveau régime de préretraites, était une erreur. Le climat actuel est vraiment délétère, comme le prouve aussi le problème irrésolu des autoentrepreneurs.
Le coût du travail est bel et bien un problème pour l'embauche. La formation et l'orientation scolaire sont aussi sources de difficultés, dans la mesure où elles préparent mal aux métiers qui recrutent : les entreprises du bâtiment, par exemple, ne parviennent pas à trouver des travailleurs qualifiés.
Concentrer les exonérations de cotisations patronales sur les bas salaires pose selon nous problème.
Sur la question des contreparties, nous avons signé le relevé de conclusion du 5 mars dernier.
En ce qui concerne la formation des jeunes et l'apprentissage, les aides de l'Etat ont été remises en cause l'an dernier et le nombre d'apprentis a baissé de 8 % entre 2012 et 2013. Le coût du travail est une difficulté majeure dans le cas des apprentis qui coûtent cher à former. Sans aides publiques pour les entreprises, nous craignons le pire.