Intervention de Éric Doligé

Mission commune d'information Inondations dans le Var — Réunion du 12 juin 2012 : 1ère réunion
Audition de M. Eric Doligé sénateur du loiret président du centre européen de prévention des risques d'inondation cepri

Photo de Éric DoligéÉric Doligé :

Par le passé, nous ne nous intéressions effectivement qu'à la prévention. Chaque catastrophe occasionnait la rédaction d'un rapport où étaient envisagées des solutions généralement fort coûteuses pour se protéger contre les risques, telles que la construction de barrages ou de digues. Il est apparu que les moyens ne suivaient pas et que cela occasionnait des débats politiques compliqués entre les « anti » et les « pro » prévention. Pour avoir présidé pendant dix ans l'établissement public Loire, concernant les barrages, j'ai été amené à orienter progressivement ma réflexion sur la prévention. Il faut certes de la protection, mais beaucoup peut être fait en matière de prévention, avec des moyens moindre. L'important est de parvenir à faire passer les messages, à créer une culture de la prévention, tant au niveau de l'État que des populations, voire des élus, qui tendent à se détourner de ce sujet qui ne leur apparaît pas toujours prioritaire au regard de leurs multiples responsabilités. C'est pourquoi j'avais créé le CEPRI, dans l'objectif de faire passer les bonnes pratiques en matière de prévention.

Il me semble que les choses évoluent assez rapidement. Au fil du temps, j'ai constaté que le ministère s'intéressait de plus en plus à ces problèmes de prévention, ce qui n'était pas le cas dans le passé. Les premières mesures ont consisté à rappeler la hauteur des crues dans les communes. Or ceci est difficile car les modèles ne sont parfois plus en corrélation avec ce qui a existé, conduisant à ce que, si la crue de 1856 venait par exemple à se reproduire, les conséquences fussent différentes.

Pour moi, la société évolue d'autant mieux que les textes européens, traduits dans la loi française à l'occasion du Grenelle 2, prennent en compte la résilience. Aujourd'hui, il paraît impossible de continuer à vivre d'interdits, dès lors que plusieurs millions de logements sont construits en zone inondable. Plus de cent mille ont dû l'être depuis 2006. En outre, ces zones perdraient la totalité de leur capacité de concurrence avec d'autres territoires si elles devenaient totalement non constructibles. Il existe certes plusieurs niveaux d'inondabilité, mais il est possible de s'adapter à l'inondation. Des zones présentant des potentiels de développement ne peuvent être rayées de la carte. Il faut donc réfléchir aux moyens d'aménager les zones inondables. Je pense qu'au fil du temps, il est possible de réaménager le territoire pour le rendre habitable dans des zones moyennement ou faiblement inondables. Bien souvent, il suffit de former les entrepreneurs et de sensibiliser les populations aux dispositions à prendre. Des bâtiments « zéro dommage », capable de se relever très vite d'inondations, peuvent être construits.

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