Je vous remercie de me convier à cette mission d'information sur les inondations. Je suis enseignant-chercheur à l'Université, avec une formation en sciences politiques. Mes travaux portent à la fois sur les outils permettant la prise en compte des risques dans l'aménagement du territoire et sur les acteurs qui les utilisent et les construisent, avec une entrée plus spécifique sur les acteurs locaux que sont les communes et les groupements de communes. Je m'interroge sur le rôle de la maîtrise de l'urbanisme dans le processus de prévention et de gestion des risques d'inondation, avec la spécificité d'avoir plutôt travaillé sur des crues lentes (Loire, Seine et Rhône dans l'agglomération lyonnaise).
Actuellement, les plans de prévention des risques d'inondation (PPRI) sont en cours de révision. Les différents rapports constatent la pérennité d'une répartition des rôles quelque peu conflictuelle entre l'État, qui assure la sécurité, l'équité et l'expertise officielle des territoires, et les communes dans leur mission de développement et d'aménagement. Pourtant, ces rôles sont transformés par l'évolution des conditions concrètes de leur exercice, notamment du côté de l'État, avec la transformation de ses services déconcentrés au niveau local se traduisant par la recomposition des directions départementales des territoires (DDT), des DREAL et des services préfectoraux - notamment les services interministériels de défense civile - suite à la RGPP. La modification des services de l'Etat entraîne des contradictions : ils restent garants de la sécurité et de l'équité, tout en subissant la réduction de leurs moyens budgétaires et techniques, qui les fragilise. Cette fragilité se traduit dans la construction de la connaissance du risque - l'État local recoure en effet de plus en plus à des bureaux d'expertise - mais également dans la prise de décision. Pour défendre sa légitimité au sein du processus de décision, l'État tend à contrôler la participation des collectivités locales.