Le territoire que j'ai étudié durant ma thèse présentait une stabilité du pouvoir municipal depuis l'entre-deux guerres, avec des bastions plutôt à gauche. Il existait également une stabilité dans la répartition des rôles entre les propriétaires fonciers et les ouvriers agricoles. La crise viticole des années 70, qui se manifesta par de violentes manifestations, a poussé les villages viticoles du Languedoc-Roussillon à accueillir de nouvelles populations, devenant des villages périurbains. La greffe de ces populations a mis très longtemps à prendre, les nouveaux arrivants étant stigmatisés comme des étrangers même après de longues années d'installation. Le basculement municipal, qui aurait sans doute fini par se produire, a probablement été précipité par l'occurrence de la catastrophe de 1999. Cette dernière a en effet offert aux nouveaux habitants, qui se sont regroupés au sein d'une association de sinistrés, une ressource politique. Très vite, cette association est en effet devenue la liste d'opposition au pouvoir municipal en place.
Les nouveaux habitants cultivaient une certaine rancoeur d'être mis à l'écart de certaines institutions villageoises telles que la cave coopérative, le club de rugby ou la mairie. Ils se sentaient exclus des réseaux de sociabilité.
La catastrophe a servi de catalyseur. La ressource politique vient du fait que les nouveaux habitants ont été les premières victimes de Cuxac-d'Aude à témoigner dans les médias.