s'est ensuite exprimé sur les questions de prise en charge et de recherche sur l'obésité.
En matière de prise en charge de l'obésité, le bilan est mitigé. Au titre des points forts, on peut noter un développement important au cours des cinq dernières années des recommandations de bonne pratique destinées aux professionnels, qu'elles émanent de l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (ANAES), de la Direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (DHOS) ou encore de la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) et de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) pour les questions relatives à la chirurgie. Nombre de ces recommandations ont d'ailleurs été reprises au niveau européen. Des points faibles sont toutefois à signaler dans la prise en charge : ils sont liés pour l'essentiel à un défaut d'application de ces recommandations, dû notamment à leur manque de lisibilité et d'accessibilité. Se pose également le problème de la multidisciplinarité nécessaire pour prendre en charge l'obésité, qui implique notamment de promouvoir le transfert de compétences des médecins vers d'autres professionnels de santé, tels que les nutritionnistes ou les infirmiers de santé publique. A cela s'ajoute l'existence de plusieurs obstacles dans la médecine pratique, notamment en termes d'équipements médicaux souvent mal adaptés aux obèses. Ainsi certains obèses ne peuvent pas bénéficier de scanner ou d'imageries à résonance magnétique (IRM) lorsque leur gabarit excède la capacité d'accueil des matériels. Enfin, les facteurs d'ordre environnemental contribuent souvent à décourager les efforts individuels réalisés par les personnes atteintes d'obésité. Il serait donc souhaitable de mettre en place au moins un centre de référence par région.
Les actions à mener en faveur de la prise en charge des personnes obèses doivent donc se faire dans quatre directions : améliorer les conditions d'accès aux soins, notamment des adolescents et des personnes en situation de précarité ; améliorer la formation des médecins généralistes et promouvoir de nouveaux métiers, en assurant des transferts de compétence au profit notamment des diététiciens ; enfin, mettre en place des centres de référence, pilotés par la direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (DHOS) et la direction générale de la santé (DGS), disposant d'équipements adaptés et chargés de l'éducation thérapeutique, de la formation et de la coordination des différents intervenants sur ce sujet.
En matière de recherche, l'étude bibliométrique jointe au rapport montre que la France occupe une place satisfaisante au niveau mondial ; on remarque également que l'INSERM et l'Agence nationale de la recherche (ANR) lancent de plus en plus d'appels d'offre concernant l'obésité. Si les travaux de recherche sont sans doute plus avancés aux Etats-Unis, le bilan des nombreuses études menées par le National institute of health (NIH) montre la difficulté qu'il y a à passer du stade de la recherche fondamentale à l'application de solutions pratiques sur le terrain, mais également à conduire des programmes interdisciplinaires et à évaluer des actions de santé publique. C'est pourquoi il est nécessaire de mettre en place des programmes spécifiques réalisés en partenariat avec différents opérateurs représentant plusieurs disciplines et soumis à une évaluation stricte.
La recherche sur l'obésité en France doit donc reposer sur les principes suivants : interdisciplinarité, recherche populationnelle et évaluation stricte, en particulier des programmes d'éducation à la santé. Deux thèmes d'étude doivent être privilégiés : les déterminants précoces, notamment anténatals, de l'obésité ; les stratégies préventives et thérapeutiques. Jusqu'à présent, les initiatives françaises, si elles ont pu bénéficier d'une continuité d'action, quelle que soit la majorité politique, et d'une mobilisation de nombreux acteurs de la santé publique, ont néanmoins souffert d'une trop grande dispersion, d'un manque de pérennité des financements et d'une évaluation insuffisante.
Le diagramme présenté dans l'étude permet de positionner les différents acteurs de la société les uns par rapport aux autres en fonction de leur intérêt et de leur influence sur la question de l'obésité. Les parents et les enfants apparaissent ainsi avoir une influence minimale alors que leur intérêt est maximal. Doit-on continuer à faire porter sur eux la charge de l'effort et de la culpabilité, compte tenu de leur faible influence sur le problème par rapport à celle d'autres acteurs comme le Parlement, les ministères, les scientifiques, les professionnels de santé, les publicitaires, l'industrie agroalimentaire, la distribution commerciale ou encore les médias ? Le problème central est en fait de mobiliser les différents acteurs de manière consensuelle sur la question de l'obésité.