Intervention de Salwa Toko

Mission d'information Illectronisme et inclusion numérique — Réunion du 9 septembre 2020 à 15h00
Audition de Mme Salwa Toko présidente du conseil national du numérique

Salwa Toko, présidente du Conseil national du numérique :

Le bénévolat est effectivement essentiel. Le nombre de bénévoles qui souhaitent s'impliquer est d'ailleurs croissant, ce dont je me félicite. La question est de préserver la multitude d'acteurs et leur complémentarité sur le champ sur lequel ils interviennent. Je le répète : il n'est pas question qu'une mesure d'impact se transforme en volonté de sanction ou entraîne la fermeture de certaines associations. Mon propos vise à mieux accompagner les structures associatives pour qu'elles soient efficaces et ne s'épuisent pas dans des actions qui, malheureusement, ne porteraient pas leurs fruits.

Toute structure associative est différente des autres structures associatives. Les besoins selon les territoires et les personnes sont différents. Un maillage extrêmement fin est à réaliser. Quand je travaillais sur des problématiques d'insertion professionnelle, j'étais gênée d'entendre de la part des financeurs publics que nous ne travaillions pas suffisamment rapidement pour insérer les personnes dans l'emploi. Néanmoins, une personne qui n'a pas travaillé durant quinze ou vingt ans ne travaillera pas grâce à un programme de six mois. La démarche réclame des temps plus longs. La vision doit être plus fine et moins manichéenne que celle que nous connaissions jusqu'à présent. Nous devons travailler au cas par cas. L'humain mérite du cas par cas.

Dès lors, la question se pose de l'industrialisation de cette démarche. J'ai commencé à réfléchir à des pistes. Je ne possède pas cependant l'ensemble des solutions. J'en ai parlé avec de nombreux acteurs autour de moi. Il me semble que Gérald Elbaz partage cette vision. Le travail est à mener du côté associatif et du côté des financeurs. Les financeurs doivent comprendre la manière dont fonctionne le tissu associatif pour que les financements soient plus pertinents.

Je vous donne un exemple personnel. Mon association ne répond plus aux sollicitations de subventions de moins de 5 000 euros. Le travail administratif demandé est trop important pour des sommes de ce type. Or de nombreuses associations meurent si elles ne perçoivent pas ces 5 000 euros. Nous le voyons beaucoup dans l'univers de l'économie sociale et solidaire, qui recrute des jeunes diplômés en quête de sens et qui s'investissent dans le domaine associatif. Ces jeunes diplômés sont payés des sommes ridicules. Leurs formations et leurs capacités sont « exploitées ». Souhaitons-nous réellement que notre société épuise ces jeunes ? Nous devons considérer la situation de manière plus rationnelle et dépassionnée. Nous devons penser notre politique de façon plus homogène, en respectant les spécificités des territoires et des personnes, en fonction de leurs besoins ou de leurs atouts.

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