Intervention de Brigitte Doriath

Mission commune d'information sur le système scolaire — Réunion du 1er février 2011 : 1ère réunion
Audition de Mme Brigitte Doriath inspectrice générale de l'éducation nationale sur la rénovation de la voie professionnelle

Brigitte Doriath, inspectrice générale de l'éducation nationale :

Théoriquement il le pourra ; pratiquement, tout dépendra de ce que décideront les équipes pédagogiques.

Dans l'ancien système, organisé en 2+2, l'offre de formation ne permettait pas d'accueillir tous les élèves titulaires d'un BEP. Ainsi, pour 100 élèves entrant en BEP, 32 à 33 % seulement atteignaient finalement un niveau IV. Il y avait donc beaucoup de « pertes en ligne ». La rénovation de la voie professionnelle que nous entendons initier vise par conséquent à remédier à cette situation, en favorisant l'obtention d'un bac professionnel en fin de parcours, en mettant en place un « parachute social » correspondant à l'obtention d'un diplôme intermédiaire.

Il s'agit donc d'une conception tout à fait nouvelle, reposant sur un changement complet des paradigmes. Nous ne nous situons plus, en effet, sur une logique de cursus, mais sur des logiques de parcours individuels. Pour autant, force est de constater qu'il existe une certaine tension entre les deux objectifs initialement affichés de cette rénovation de la voie professionnelle, correspondant à une élévation des niveaux de qualification, d'une part, à une sécurisation des parcours, d'autre part, avec obtention d'un niveau V pour l'ensemble des élèves.

En tout état de cause, les professeurs et les familles ne prennent pas toujours le risque d'un parcours en trois ans. Le risque d'un repli massif vers le CAP est donc bien réel. A cet égard, les recteurs s'attachent à contenir l'offre de CAP. En outre, à force d'inciter un maximum d'élèves à s'orienter vers un parcours en trois ans, nous risquons de nous retrouver avec davantage de sorties en cours de parcours. Nous nous trouvons donc confrontés, de fait, à une tension très importante entre l'objectif d'élévation des qualifications et celui de réduction des sorties du système sans aucune qualification.

Pour contrer les effets négatifs potentiellement induits par une telle situation de tension, nous veillons à garantir l'équilibre de l'offre de formation entre les baccalauréats professionnels et les CAP. A ce titre, les recteurs veillent à contenir l'offre de CAP en évitant de répondre à la pression du terrain se caractérisant par la volonté de tous les établissements d'avoir un CAP adossé à leurs bacs professionnels.

Dans notre dernière note de juillet 2010, nous faisions le constat que si l'on additionne la formation initiale sous statut scolaire et l'apprentissage, les formations de niveau V représentent entre 40 et 50 % de l'offre de formation professionnelle globale. Ces chiffres ne correspondent pas à ceux qui sont publiés par les académies car nous nous heurtons, de fait, à un problème de suivi statistique des jeunes qui partent en apprentissage, dans la mesure où nous les perdons de vue systématiquement. Dans le cadre du protocole que nous entendons mettre en place, nous nous efforçons par conséquent d'évaluer, au plus près de la vérité, le nombre d'élèves en préparation de CAP.

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