Je vais surtout parler des 48 villes-centres, car il est beaucoup plus difficile de faire le point sur les intercommunalités. Ainsi, il est malaisé d'appréhender les conséquences de la réforme dans l'intercommunalité de Grenoble qui regroupe une trentaine de communes.
Sur les 28 villes qui n'avaient pas encore mis en oeuvre la réforme, trois villes (Marseille, Nice et Cannes) ont annoncé qu'elles ne le feraient pas en 2014. Hier, Marseille a annoncé qu'elle se ralliait au projet. Il n'en reste donc plus que deux qui résistent. Je remercie M. Carle d'avoir accepté de dire que les grandes villes sont une force d'entraînement, même si des difficultés demeurent.
Grenoble a consenti des efforts importants, avec 3,2 millions d'euros en année pleine pour les rythmes scolaires, ce qui représente un peu plus de 1 % du budget de fonctionnement de la ville. C'est loin d'être marginal, d'autant que cet effort s'ajoute à celui que nous accomplissons pour la petite enfance : nous sommes classés premiers en France en ce domaine. Ainsi, 30 % de la population de Grenoble bénéficie de cette politique, notamment les familles les plus fragiles. Nous avons expérimenté le « parler bambin » avec les enfants de 18 à 36 mois. Les capacités langagières à trois ans sont remarquables et gomment les inégalités : la prise en charge dès le plus jeune âge améliore les parcours scolaires.
Qu'implique la réforme ? Du temps, de l'argent, du personnel qualifié, Jean-Claude Carle. Pour obtenir des résultats, on doit avoir ces trois ressources. C'est d'ailleurs pourquoi Lille ne s'est pas lancée, car elle ne disposait pas des moyens financiers, mais surtout des ressources humaines, dès la rentrée 2013. Il faut donc faire des efforts importants en termes de qualification et de formation pour accompagner le personnel communal.
La Justice et l'Éducation nationale échappent aux politiques interministérielles. Le préfet n'a barre ni sur les procureurs de la République ni sur les Dasen, si bien qu'il est difficile de mener des politiques coordonnées. Pour l'Éducation nationale, il n'est pas facile d'avoir une réponse unique. Les choses se passent bien à Grenoble grâce à Monique Lesko, directrice des services académiques de l'Isère, mais les résultats sont plus ou moins remarquables selon les académies et suivant les établissements. Certes, les ministres de l'Éducation nationale sont heureux d'avoir leur propre administration, mais comment mener des politiques coordonnées et efficaces qui nécessitent un travail partenarial ?