L'une des grandes nouveautés de cette réforme est d'avoir donné le pouvoir de décision aux maires. Dans les textes, ce sont eux qui font des propositions. Dans certains endroits, les conseils d'école n'ont pas été écoutés, et même si les DASEN ont pu parfois demander des médiations afin de prendre en compte l'avis des enseignants, on s'est retrouvé avec des organisations imposées du fait de choix politiques. Lorsque, d'entrée de jeu, le conseil général fixe les horaires des transports scolaires, où est la marge pour le conseil d'école ? Il n'y en a pas !
Certains maires ont évidemment pris des décisions de manière collective et, fort heureusement, ont même pu associer les parents, les enseignants, et l'ensemble des parties.
Notre profession a pu se sentir déstabilisée. Nous sommes des fonctionnaires d'État, nous évoluons dans un cadre national. Nous avons toujours travaillé avec les maires. Le conseil d'école a toujours été un lieu d'échanges en matière de locaux, de moyens, de projets. Il s'agit toutefois d'une nouvelle donne et nous avons essayé d'attirer l'attention sur l'importance du conseil d'école pour amener davantage de complémentarité entre les différents temps scolaires, tout en respectant les missions de chacun.
Nous pensons que, s'il faut davantage de péri-éducatif pour assurer une égalité et une qualité de ces temps à travers le territoire, il faut un financement de l'État et un système de péréquation, afin que ce soit l'intérêt de l'enfant qui détermine l'organisation, et non les contraintes financières.
Il faut aussi que, sur le temps de service des enseignants, mais aussi des animateurs et des autres intervenants, l'institution donne du temps pour qu'on se rencontre et qu'on travaille ensemble sur les projets. Nous continuerons ainsi à être dans le partenariat. Ce qui s'est fait de manière volontaire, voire volontariste depuis vingt ans dans certains endroits, il faut l'étendre à tout le territoire, avec le temps nécessaire pour le réaliser.
Les PEL et les CEL ont pris du temps à se mettre en place. Ici, on a l'impression qu'il faut tout faire en un an. Dans certains endroits, les partenaires ne sont pas forcément convaincus, et n'ont pas eu le temps de discuter. À la rentrée dernière, on a très rapidement pointé certaines aberrations en matière de fonctionnement, car on n'avait pas encore repéré toutes les problématiques.
J'ai essayé d'expliquer, au Comité de suivi de la réforme, l'importance des locaux pour les enseignants. Il faut en effet savoir ce que représente le travail d'une enseignante ou d'un enseignant, qui doit faire des expositions, procéder à des affichages, continuer à travailler après l'école dans sa salle de classe. Des chartes apparaissent dans certains endroits. Certaines choses devront être mutualisées pour améliorer le travail avec les collectivités.
Pour lors, tout repose sur la bonne volonté des enseignants, des animateurs, et nous n'arrivons pas avoir une culture commune, à partager nos expériences. C'est ce qui a engendré les incompréhensions qu'on a pu constater çà et là. Cela peut être dépassé, si la volonté politique est au rendez-vous !
Dans le cas contraire, les écueils continueront à exister. Dans certains endroits, la Direction générale de l'enseignement scolaire (DGESCO) a listé des difficultés qui ne donnent lieu à aucune proposition d'aménagement. Certains personnels sont en souffrance mais, plus grave, les enfants ne peuvent bénéficier de ce qui a été fait pour desserrer la semaine de six heures de M. Darcos, qui alourdissait la journée de classe. C'est bien de celle-ci dont nous parlons...