Intervention de Raphaël Labrunye

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 1er mars 2023 à 9h30
Audition de Mm. François Brouat président du collège des directeurs des écoles nationales supérieures d'architecture ensa et olivier celnik élu au conseil national de l'ordre des architectes d'île-de-france

Raphaël Labrunye, directeur de l'école nationale supérieure d'architecture de Normandie :

Une réunion est effectivement prévue le 24 mars avec une délégation de l'école d'architecture de Normandie. La date doit être encore confirmée avec le directeur général des patrimoines puisque le poste de direction de l'architecture est vacant depuis le mois de janvier.

Le taux d'architecte en France est équivalent à celui de l'Estonie. Il existe globalement une inculture architecturale dans le pays. Élu pendant 12 ans dans une collectivité territoriale, j'ai pu mesurer le décalage sur ces questions. Les écoles d'architecture, les CAUE, les maisons de l'architecture et l'Ordre des architectes ont une mission de valorisation de la culture architecturale. Historiquement, nos écoles d'architecture ont été très indépendantes et se sont satisfaites d'être indépendantes. Cela a abouti à la construction d'écoles très éloignées des centres universitaires. Nous en payons aujourd'hui l'héritage en termes d'infrastructures et d'accompagnement des étudiants. L'école de Normandie et plusieurs autres écoles sont dans cette situation. Depuis quelques années, les écoles se sont très largement rapprochées des modèles universitaires en multipliant les associations.

Nous avons été lauréats d'un appel d'offres sur les métiers d'avenir dans le domaine de l'architecture. Les résultats devraient être connus au mois de juin. Nous devrions enclencher une deuxième phase de cet appel à projets pour financer la transformation des formations.

Autant les architectes ont le monopole des permis de construire, autant les écoles d'architecture ont le monopole de la culture architecturale. Dans le système d'enseignement supérieur, l'urbanisme est en revanche porté par les universités (géographie, histoire de l'art, histoire de l'architecture). L'ingénierie est enseignée dans les écoles d'ingénieurs. Ces cultures et ces formations contribuent à comprendre la manière de construire la ville et de faire évoluer le paysage. Quelques-uns de nos collègues dispensent des formations en paysages dans les écoles d'architecture. Mis à part ces exceptions, nous n'avons pas la capacité de développer de nouvelles formations dans nos établissements. Nous collaborons ainsi avec les établissements partenaires. En ce sens, l'effet de ciseau implique une augmentation des besoins et des demandes de parcours étudiant, à l'international ou dans nos formations. J'ai par exemple poursuivi ma formation d'architecte vers un doctorat en histoire. Nous observons aujourd'hui un nombre de parcours multifactoriels en hausse. 20 % des étudiants HMO ont effectué une autre formation que l'école d'architecture. Cette ingénierie pédagogique a été mise en place globalement à coût constant.

Les écoles d'architecture devraient être le lieu majeur de formation des professionnels, y compris des ingénieurs, sur les questions de réhabilitation. Une formation est en place depuis 1999 avec l'université du Havre sur la réhabilitation. Elle doit évoluer pour devenir ouverte à des professionnels : les praticiens sur le territoire normand. Je porte ce projet depuis quatre ans. Cependant, je ne peux pas décharger un enseignant, lequel a sa charge de service, pour multiplier les formations. Sinon, il sera nécessaire de chercher encore une fois des ressources complémentaires et ces ressources propres. Cela demande également un travail administratif.

Pour un établissement qui compte 700 étudiants, la charge de direction, d'organisation et de gestion n'est pas nécessairement moins conséquente que pour un établissement de 1 000 étudiants. En revanche, plus un établissement compte d'étudiants, plus il dispose d'une capacité à développer très largement les doubles cursus, les formations professionnelles, l'apprentissage, les incubateurs, etc.

Nous mettons en place des dispositifs pour aider les jeunes lycéens à s'orienter vers l'architecture. Nous sommes des écoles extrêmement ouvertes et les élèves de toutes les filières de baccalauréat peuvent candidater. Chaque année, mon école accueille un bachelier professionnel. L'ouverture, la structuration de parcours du baccalauréat au doctorat, la formation professionnelle et la formation continue constituent des enjeux généraux. Malgré nos dispositifs, nous arrivons un peu aux limites de nos capacités. L'enjeu de développement me semble très important.

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