Le monde de la défense et le monde de l'éducation ont été pendant longtemps opposés, avec des affrontements presque idéologiques à certains égards. Sans ressembler aux affrontements entre le Stade Montois et l'US Dax, ces oppositions ont pu être très fortes ! Fort heureusement, la situation a évolué, chaque monde ayant fait un pas vers l'autre. D'un schéma de défiance, nous sommes arrivés aujourd'hui à un schéma de meilleure compréhension, voire de complémentarité ou d'association.
N'oublions pas que le nombre de départements dans lesquels il n'existe plus d'implantation militaire est de plus en plus important. Dans ce contexte, il apparaît essentiel que d'autres relais assurent la continuité du lien armées-nation. L'Éducation nationale doit jouer un rôle pivot à cet égard. Vous avez cité les classes de défense. Leur nombre a certes progressé, mais je pense qu'il faudrait, sans les rendre obligatoires, aller encore plus loin.
Vous avez indiqué que les JDC sont le successeur du service national. Je ne suis pas tout à fait d'accord, sauf à les modifier en profondeur. Les JDC sont plus universelles à certains égards, mais nous ne pouvons pas comparer une action d'une journée avec un service d'un an, voire plus.
Il me paraît important d'insister sur deux ou trois points. Le ministère de la défense est un ministère qui recrute tous les ans. Dans ce ministère, l'ascenseur social fonctionne et permet d'entrer par le bas avec la perspective de mener une carrière au mérite. Il faut continuer à s'appuyer sur cette dynamique positive entre le monde de la défense et le monde de l'éducation.
Je partage les propos de notre collègue sur la nécessité de faire appel à des intervenants extérieurs. Je pense par exemple au Souvenir Français, une association présente sur l'ensemble du territoire, dont la devise est Entretenir, commémorer et transmettre. Elle a un rôle important à jouer en matière de transmission.
Il est vrai que les cérémonies patriotiques étaient devenues, il y a quelques années, presque caricaturales. La moyenne d'âge était extrêmement élevée. Ces événements n'avaient plus de signification. Des initiatives ont été prises pour y remédier. Je pense que votre ministère et le ministère de l'éducation nationale peuvent agir ensemble, y compris en allant au-delà des cérémonies officielles. Dans mon village, comme dans nombre de petites communes, la cérémonie se déroule la veille ou l'avant-veille. Les enfants se rendent au monument aux morts sur le temps scolaire et l'enseignant peut saisir cette occasion pour faire de la pédagogie autour de la cérémonie, en expliquer toute la symbolique.
Vous avez parlé des dixsites nationaux gérés par le ministère des armées, mais il existe aussi une multitude de sites relatifs à la mémoire qui restent en dessous des radars et pour lesquels votre ministère peut jouer un rôle, si ce n'est financier, au moins d'appui. Je citerai deux exemples dans le département du Tarn, le Militarial à Boissezon et le Mémorial d'Afrique du Nord à Montredon-Labessonnié. Autour de ces sites, des associations, des personnes s'impliquent et font ce qu'elles peuvent pour transmettre cette mémoire. Le socle que doit constituer la relation entre le ministère des armées et le ministère de l'éducation nationale doit faire germer des initiatives avec l'appui de la société civile.