Intervention de Franck Chauvin

Mission d'information Sécurité sociale écologique — Réunion du 13 janvier 2022 à 9h30
Audition de M. Franck Chauvin président du haut conseil de la santé publique hcsp

Franck Chauvin, président du Haut Conseil de la santé publique :

C'est très compliqué de comparer les pays. Le modèle suédois a beaucoup investi sur les soins primaires, notamment sur un nombre d'infirmières important en ville, qui est plus élevé qu'en France. La France a plus investi sur l'hôpital. Selon l'OMS, cette évolution nécessite en France l'investissement d'un point de PIB sur les soins primaires, soit entre 20 et 25 milliards d'euros. Dans une approche sur les déterminants, les soins primaires sont essentiels. Il est également important de mobiliser les offreurs de soins dans cette action sur les déterminants, sur leur repérage et leur prise en charge. Dans son rapport de 2018, le HCSP a prôné le développement de la prévention chez les offreurs de soins afin de réorienter le système de soins vers la prévention, y compris médicalisée. En France, nous n'avons pas de référentiels de pratique préventive, comme il y en a au Canada. Ce n'est pas dans notre culture médicale. Il faut que l'on réoriente l'organisation des soins primaires. L'arrivée des promotions d'infirmières de pratique avancée, est un progrès considérable. Ces acteurs de soins peuvent s'engager dans la santé publique et la prise en charge des facteurs de risque. Ce choix de renforcer les soins primaires a été fait par la Suède il y a une trentaine d'années, de même que la prise en charge précoce des facteurs de risque. Un grand nombre de maladies chroniques pourraient être évitées plutôt que prises en charge. C'est l'enjeu de notre système.

Le HCSP a travaillé sur la question de l'alimentation équilibrée, qui est un sujet majeur. Nous avons beaucoup d'arguments scientifiques pour dire que la qualité de l'alimentation va jouer dans le développement des maladies chroniques, comme l'hypertension ou les cancers. Comment faire ? La France a inventé le Nutri-Score qui a une vertu éducative très importante. Il y a actuellement un débat au niveau européen, un certain nombre de pays y étant opposé. Or, il est important de pouvoir renseigner la population sur la qualité des produits. L'éducation est également un point majeur. On doit apprendre ce qu'est une alimentation équilibrée.

Le problème financier se pose pour une partie de la population. Nous avons un problème quantitatif pour une petite partie de la population et un problème qualitatif pour une grande majorité de la population. Il faut des politiques encore plus volontaristes. Le Nutri-Score est un combat important et il nous faut l'appui de l'Europe pour continuer d'aller dans ce sens. C'est un outil d'éducation essentiel même s'il n'est pas parfait.

La France est actuellement le 3e pays au monde qui dépense le plus pour sa santé, en termes de pourcentage du PIB. Jusqu'où pouvons-nous et voulons-nous aller ? J'ai l'impression que nous avons atteint un seuil. Nous consacrons entre 11 et 12 % des dépenses du pourcentage du PIB à la santé. Voulons-nous comme les États-Unis, passer à 16, voire 17 % ? Je pense que nous pouvons réfléchir à une nouvelle orientation des dépenses même si l'augmentation est inéluctable.

Le retour sur investissement des mesures de prévention est important mais avec un délai. En fait, il faut financer le délai. Des décisions prises maintenant porteront probablement leurs fruits dans 10 à 15 ans.

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