Intervention de Hugo Biolley

Mission d'information Culture citoyenne — Réunion du 9 mars 2022 : 1ère réunion
Audition d'élus locaux et de représentants d'associations d'élus

Hugo Biolley, maire de Vinzieux :

Je suis très heureux de participer à cette réunion. J'estime que je suis d'abord présent en tant qu'élu plus qu'en tant que jeune. Je me réjouis d'ailleurs du fait qu'on oublie assez vite mon âge dans le cadre de mes fonctions de maire. La jeunesse n'est qu'un mot !

Lorsque j'ai décidé d'être candidat, je ne me suis pas posé la question de mon âge, je suis parti d'une volonté et j'ai monté une équipe.

Je crois que la question fondamentale est celle de la confiance. Des gens m'ont fait confiance à un moment et j'ai finalement rendu cette confiance.

Je crois qu'il existe des liens très forts entre les engagements associatifs et électifs. J'étais assez peu engagé dans des associations avant d'être élu et je fais d'une certaine façon le chemin inverse aujourd'hui par rapport à certains de mes collègues, puisque mes fonctions de maire m'amènent à énormément travailler avec les associations.

Ma responsabilité est double : intéresser les jeunes à la politique et porter les combats de la jeunesse, par exemple la lutte contre le dérèglement climatique - les jeunes sont les premiers concernés par ce problème. C'est notre génération qui devra porter les effets des 1,5°C ou 2°C de plus ! C'est elle doit se préparer à ce qu'implique l'existence d'un événement climatique tous les ans...

Je suis une sorte d'« ovni » dans mon propre milieu. Les responsabilités de maire sont très lourdes, je ne suis donc pas complètement représentatif de ce que vit un étudiant aujourd'hui. Je ne veux pas être un porte-parole, je veux contribuer à ce que les choses évoluent.

J'essaye de développer la confiance des jeunes, y compris des adolescents, envers les institutions. Je veux laisser aux jeunes les clés de l'action publique. Par exemple, je les laisse définir un lieu pour installer telle ou telle activité et il leur revient d'élaborer un projet. Des adolescents de ma commune ont ainsi contacté des entrepreneurs pour obtenir des devis.

J'ai la chance d'étudier dans une école qui me permet de concilier vie étudiante et vie d'élu, mais il reste un travail colossal à réaliser, au-delà même du statut de l'élu, pour que les jeunes veuillent tout simplement s'engager. Pour cela, il faut changer l'image de la politique ; on me dit régulièrement que je dois faire attention à ne pas devenir un « pourri »... Cette image, très présente, ne donne pas envie de s'engager en politique !

Le mandat de maire est très exigeant mais c'est un très beau mandat, vraiment magnifique, car il permet de se rendre utile et de prendre sa part dans le débat public. Il ne correspond pas du tout à l'image que les médias donnent de la politique - ceux-ci ne montrent pas la manière dont les choses se passent concrètement. Le maire prend en charge une partie de la vie de ses administrés. C'est très noble. Derrières les « coupures de ruban », il y a des dizaines et des dizaines d'heures de travail qui n'apparaissent nulle part dans les médias !

En ce qui concerne les mesures à prendre pour améliorer les choses, je vois trois axes de travail.

D'abord, il faut une appropriation citoyenne des institutions et des politiques publiques, et l'école a un rôle majeur à jouer en la matière. On sait qu'il y a le Président de la République, le président du département et celui de la région, mais ces connaissances restent trop peu concrètes. C'est la profonde méconnaissance de la manière dont les choses fonctionnent qui entraîne un désintérêt de la politique. Les institutions restent des boîtes noires pour beaucoup de gens.

Ensuite, il faut avoir confiance dans les jeunes. En France, les politiques « jeunesse » sont largement d'inspiration familialiste - on voit les jeunes par le prisme de la famille et de fait, jusqu'à l'âge de 25 ans les jeunes aujourd'hui dépendent de leur famille -, alors que dans les pays nordiques on responsabilise les jeunes indépendamment de leurs parents. Le débat sur le Revenu de solidarité active (RSA) illustre cette approche.

Enfin, il faut agir en matière d'environnement, sujet majeur pour les jeunes. Il faut mettre ces sujets au coeur du débat public - ils n'en représentent que 3 % aujourd'hui et ce chiffre date d'avant la guerre en Ukraine...

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