L'importance des échanges interculturels et de la mobilité à l'international fait partie de nos leviers en matière d'éducation à la citoyenneté. La fédération dispose d'un réseau en Europe et à l'international et notamment en Afrique, où des associations Léo Lagrange sont implantées - même si nous rencontrons évidemment des difficultés au Sahel, notamment au Mali et au Burkina Faso.
J'en viens à la question du service civique. Après avoir réfléchi à ce qui pouvait suivre la fin du service militaire décidée par le président Jacques Chirac, la fédération a décidé lors d'un congrès, en 2005, de militer pour la création d'un service civique obligatoire. La création du service civique, suivie quelque temps plus tard par celle du SNU, a donc été bien reçue.
Le service civique a l'avantage de permettre à des jeunes de se réorienter ou de préciser leur orientation. Il offre également aux jeunes décrocheurs la possibilité et le temps de s'interroger sur leur avenir. Je rejoins les constats et les témoignages que vous avez partagés lors de vos auditions de la présidente de l'association Unis Cité et de volontaires du service civique.
La fédération encadrait 150 jeunes en service civique avant la crise sanitaire, nombre qui a chuté à 100 pendant celle-ci. Notre objectif est de parvenir à 300 services civiques autour de thématiques comme le développement durable et de développer une approche plus collective, dans l'esprit de la démarche d'Unis Cité, plutôt que d'envoyer tel jeune dans un centre de loisirs, tel autre dans un centre social, etc.
Les jeunes en service civique sont suivis par nos équipes d'encadrement. La fédération emploie 6 000 professionnels. Nous attachons beaucoup d'importance à la formation des tuteurs des volontaires du service civique. Nous dispensons des formations à nos agents sur le cadre réglementaire du service civique, l'idée étant de veiller à éviter tout effet de substitution à l'emploi. Nos organisations syndicales y sont très sensibles.
Nous ne rencontrons aucune difficulté ni pour recevoir des jeunes ni pour les envoyer en mission d'une façon qui leur soit profitable. Le service civique constitue à nos yeux un outil de construction du parcours de formation et d'éducation à la citoyenneté d'autant plus pertinent que les parcours formatifs ont tendance à s'allonger : on est jeune aujourd'hui jusqu'à 30 ans.
La fédération est par ailleurs favorable au SNU et travaille avec les services de l'État et quelques autres associations parties prenantes de cette expérimentation. Nous ne voyons pas de contradiction entre le SNU et la notion d'engagement. Le SNU n'est pas une phase d'engagement, mais sa première phase a vocation à devenir une obligation de recevoir un temps de formation, censé faciliter des engagements futurs. Si nous sommes d'accord avec le monde associatif pour dire que l'on ne peut pas rendre l'engagement obligatoire, le SNU a selon nous sa place dans le processus de formation des jeunes.
En revanche, il nous semblerait préférable de substituer la notion de « parcours » à celle de « service » et de faire du SNU un « parcours républicain universel ». Plutôt que de souligner la nécessité pour les jeunes de donner à la Nation, nous souhaiterions insister sur le fait que c'est la Nation qui doit aux jeunes, et en premier lieu une formation. Il faut d'abord que la Nation forme les jeunes pour qu'ils participent ensuite à l'effort collectif. Dans cette logique, la notion de service nous semble inappropriée.
Nous regrettons par ailleurs que les associations ne soient pas davantage associées à la phase des MIG. Elles sont également trop peu impliquées dans la construction de la phase 1, tout en étant sollicitées pour fournir des animateurs alors qu'elles ne sont pas des entreprises de travail temporaire. Il faut que ce dispositif laisse plus de place aux associations comme la nôtre dans son organisation et sa conception.
Nous regrettons à ce titre que le réflexe de l'État soit de créer une agence spécifique pour gérer les MIG, car nous pensons que les associations sont mieux placées que les services de l'État pour organiser le lien entre les différentes phases du dispositif SNU dans les départements.
Il serait bon que le SNU soit géré un peu à la manière du Collectif Mentorat, copiloté par la Fédération Léo Lagrange. Dans le cadre de cette action, des idées d'associations ont été reprises dans une politique publique, assortie de moyens dédiés, sans qu'une agence dédiée au mentorat soit créée... Être mentor est une manière de vivre sa citoyenneté, qui consiste à prendre le temps d'accompagner un jeune.