Intervention de Emmanuelle Villiot-Leclerq

Mission d'information Conditions de la vie étudiante — Réunion du 15 avril 2021 à 11h00
« les enjeux du numérique pour l'enseignement supérieur » — Audition de Mm. Guy Mélançon vice-président en charge du numérique à l'université de bordeaux vice-président de vpnum association des vice-présidents en charge du numérique dans l'enseignement supérieur jean-christophe burie vice-président « campus numérique-système d'information » à l'université de la rochelle ollivier haemmerlé professeur à l'université de toulouse président de l'association « l'université numérique » mmes emmanuelle villiot-leclerq responsable du digital learning center de l'école de management de grenoble et cora beck directrice des pédagogies digitales et de l'innovation du pôle universitaire léonard de vinci

Emmanuelle Villiot-Leclerq, responsable du digital learning center de l'École de management de Grenoble :

En ce qui concerne la transformation en cours et le développement de l'enseignement à distance, nous constatons tous qu'un cap a été franchi dans nos méthodes de travail quotidiennes, tant au sein de nos institutions que dans nos méthodes d'enseignement et d'apprentissage. Ces transformations ont un impact sur notre rapport aux autres, au temps et aux locaux. Notre mission est aussi de préparer nos étudiants à vivre dans le monde professionnel en les accompagnant dans ces nouvelles façons de travailler, marquées par la flexibilité et le décloisonnement entre les différents espaces de travail. Nous devons les aider à être à l'aise à distance pour développer des compétences, travailler en équipe, gérer les conflits, etc. Cela influe sur la façon dont nous organisons nos enseignements et programmes, mais aussi dont nous les accompagnons.

Nous nous sommes en outre aperçus de l'importance du lien social et de la vie de campus. Dans nos écoles, les associations sont très actives. Or les étudiants ne bénéficient plus de ces interactions à l'heure actuelle. Dans ce contexte, nous nous interrogeons sur la nature des liens qui pourront se développer entre les étudiants dans les mois à venir. En effet, cette vie de campus construit, elle aussi, nos étudiants et les citoyens de demain.

S'agissant de l'hybridation, en tant qu'institution et corps professoral, nous avons la responsabilité de vivre de façon presque synchrone des situations distancielles ou alliant distance et présence. Une part de l'enseignement à distance demeurera certainement. Dans notre cas, les programmes internationaux pourraient conserver quelques modules à distance. Nous pourrions également organiser différemment le cursus pour les alternants, par exemple en les accueillant à différents moments de l'année et en utilisant les dispositifs comodaux pour les accompagner lorsqu'ils sont en entreprise. Nous allons donc conserver la flexibilité que nous avons expérimentée. L'objectif est malgré tout de permettre aux étudiants de vivre cette vie de campus et ce rapport à l'autre. Le présentiel occupera donc une part plus importante qu'actuellement.

S'agissant des étudiants en grande difficulté, je rejoins les propos tenus sur la difficulté à les identifier. Nous nous référons à des indicateurs tels que l'absence de participation, de nombreux étudiants conservant leur caméra éteinte pendant les cours. Nous observons également des phénomènes de décrochage lors du rendu des travaux. Nous avons toutefois de grandes difficultés à identifier ces étudiants. Dans ce contexte, les enseignants ont été mis à contribution ; en parallèle, nous avons mis en place davantage de temps d'interactions, avec un encadrement humain, car nous avons considéré que ces étudiants souffrent souvent de l'isolement ou d'un grand inconfort face au numérique.

Concernant les examens, nos collègues enseignants ont quelque peu transformé la façon d'évaluer les étudiants, en favorisant des examens à haut niveau cognitif, autour de cas et projets. Nous avons en outre renforcé le contrôle continu. Nous avons donc adapté notre mode d'évaluation des étudiants, mais le niveau d'exigence reste le même.

Au sujet de la transformation de nos institutions et de nos locaux, il est possible que la salle de classe évolue dans les prochains mois et années. Nous travaillons en effet davantage par projet et le collaboratif se développe considérablement, même dans un contexte distanciel. Nous souhaitons donc adapter nos locaux à ce type de pédagogie, pour en faire des tiers lieux plus ouverts sur le territoire et le monde professionnel. Cela n'empêchera pas le développement de campus virtuels jumeaux. Nous pourrons donc proposer tout un panel de situations d'enseignement, en fonction du profil des étudiants.

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