Intervention de Ulysse Guttmann Faure

Mission d'information Conditions de la vie étudiante — Réunion du 6 mai 2021 à 11h00
Crise sanitaire et aide alimentaire pour les étudiants — Audition de représentants d'associations

Ulysse Guttmann Faure, président de l'association Co'p1 - Solidarités étudiantes :

Ces chiffres sont marquants, en effet : 79 % des étudiants reçoivent une aide pour la première fois. Ce sont de nouveaux précaires, ce qui induit une difficulté supplémentaire sur le plan psychologique, puisqu'ils découvrent cette précarité - parce qu'ils ont perdu leur emploi, parce que le chômage partiel leur a fait perdre 20 % ou 30 % de leurs revenus, ou parce que leurs parents ne peuvent plus les aider.

D'autres chiffres sont très parlants. Par exemple, sept bénéficiaires sur dix sont des étudiantes. La précarité touche donc majoritairement des femmes. Pourquoi ? Quelles solutions ? L'explication par la précarité menstruelle et le coût des produits d'hygiène n'est pas suffisante.

Autre pourcentage intéressant : 63 % des bénéficiaires sont des étudiants étrangers. Et 27 % seulement des étudiants qui nous sollicitent sont boursiers. Ce critère, qui est l'un des principaux pour chiffrer la précarité chez les étudiants, est largement dépassé avec cette crise sanitaire et économique. Les étudiants étrangers ne sont pas boursiers, par définition... C'est pourquoi nous n'avons pas conditionné notre aide au fait d'être boursier : notre seul critère est d'être étudiant et de se sentir en difficulté. Notre étude a complètement conforté cette intuition, d'autant que les bourses renvoient à la situation de l'année n-1, voire n-2...

La découverte de la précarité a des conséquences psychologiques extrêmement fortes sur les étudiants. Des dispositifs ont été mis en place, comme le chèque psy. Ils vont dans le bon sens, mais il faut aller plus loin. Par exemple, nous distribuons des produits d'hygiène, mais 55 % des étudiants qui nous sollicitent ne parviennent pas à subvenir à leurs dépenses de santé. Un étudiant me disait la semaine dernière qu'il n'avait pas les 3 euros pour se payer du dentifrice et se laver les dents tous les jours... En d'autres termes, plus de la moitié des étudiants qui sont en difficulté font des choix qu'ils ne devraient pas faire pour leur santé.

Ces constats sont quelque peu effrayants. Ils doivent nous conduire à réfléchir sur les critères d'attribution des bourses.

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