Intervention de Patrice Douret

Mission d'information Conditions de la vie étudiante — Réunion du 6 mai 2021 à 11h00
Crise sanitaire et aide alimentaire pour les étudiants — Audition de représentants d'associations

Patrice Douret, président des Restos du coeur :

Quelque 26 % des familles que nous accueillons sont monoparentales, et 86 % de ces familles-là ont des femmes à leur tête. Pour ces femmes, il faut à la fois s'occuper des enfants et de la vie quotidienne et essayer de trouver un emploi. Et lorsque l'on a un emploi, se pose la question des horaires : il est très difficile de s'en sortir quand on a une charge de famille.

Pour rappel, les Restos du coeur n'avaient pas vocation à aller exercer leur activité au sein des Crous. Nous avons voulu surmonter la difficulté, pour les étudiants et étudiantes, d'aller vers nos centres de distribution, qui n'étaient pas forcément à proximité - même si des dizaines de milliers d'étudiants les fréquentaient déjà avant la crise. Quand nous ouvrons des centres d'activités, nous constatons une très forte proportion d'étudiantes. Sans doute occupent-elles des emplois plus précaires, dans la distribution, dans l'entretien - et souvent, ces emplois ne sont pas aussi bien payés que les emplois considérés comme masculins.

Depuis un an, la crise a mis en évidence la générosité des Français. Les Français sont un peuple très généreux, non seulement de leur argent, mais de leur temps. En mars, nous avons fait un appel au télébénévolat pour les seniors : nous avons reçu plus de 10 000 candidatures en quelques jours ! Peut-être devrait-on mieux en tenir compte, en donnant par exemple la possibilité aux employeurs de permettre aux salariés de consacrer chaque année un peu de leur temps de travail - deux jours par exemple- à une association de solidarité.

Nous devons réfléchir à la suite, au-delà des actions immédiates qui relèvent du sauvetage - pour lesquelles les pouvoirs publics ont été très présents. Nous devons préparer la prochaine crise dès maintenant. Cela implique de prendre en compte la question du bénévolat. Déjà, nous sommes capables de travailler ensemble et de nous mettre tous autour de la table, en conservant notre liberté d'action, nos valeurs et nos tailles respectives. Reste à trouver des solutions pour intervenir en amont et non plus courir après la crise - sans doute en s'appuyant davantage sur le bénévolat, et en mettant en place un revenu, ou du moins un petit coup de pouce financier, permettant de se consacrer vraiment à une recherche d'emploi ou de finir ses études sereinement. On ne franchit pas la porte d'une association de solidarité par plaisir !

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