Intervention de Julien Meimon

Mission d'information Conditions de la vie étudiante — Réunion du 6 mai 2021 à 11h00
Crise sanitaire et aide alimentaire pour les étudiants — Audition de représentants d'associations

Julien Meimon, président de l'association Linkee :

La mobilisation est au fondement de notre action : nous avons largement compté sur l'élan de générosité qui est disponible en France. Cette mobilisation prend d'ailleurs plusieurs formes : au-delà du don financier, il y a le don alimentaire. Nous récupérons des invendus de très bonne qualité, frais, que nous allons chercher tous les jours et avec lesquels nous constituons des colis de très haute qualité, car ils n'ont aucunement vocation à finir à la poubelle. Or 10 millions de tonnes d'invendus sont détruites chaque année, malgré les lois qui ont été votées pour limiter le gaspillage alimentaire. L'engagement citoyen est au fondement de notre action, comme la capacité de résilience des personnes et des associations qui les mobilisent en période de crise. Nous avons enregistré un afflux de bénévoles, de dons financiers, de dons alimentaires... Il y a quelque chose de très affectif dans cette démarche. De fait, l'évolution du paysage audiovisuel fait qu'on en appelle moins à la réflexion qu'à l'affectif, voire à l'indignation. Nous en profitons ! Nombreux sont ceux qui, en voyant les files d'attente d'étudiants, se sont indignés.

Mais cela ne peut pas tenir sur le long terme : nous ne sommes pas une entreprise de communication. Il faut donc prévoir la suite, et anticiper dès maintenant ce qui va se passer à la rentrée. Nous pensons que beaucoup d'étudiants vont retrouver une forme de sécurité. Mais ceux qui ont décroché mettront beaucoup de temps à retrouver un équilibre. Nous devrons donc être là pendant toute la durée de la crise.

Depuis le début, nous avons sollicité des associations spécialisées dans l'aide au logement pour qu'elles soient présentes lors de nos distributions. Nous ne prenons pas en charge directement le problème du logement, mais nous avons connaissance de cas très concrets. Il y a peu de temps, nous avons vu des étudiants qui se retrouvaient sans domicile, en particulier à Paris, vu le niveau des prix. De fait, le logement consomme une grande partie du maigre budget dont disposent les étudiants. C'est un point majeur dans la question du reste à vivre des étudiants, de même importance que celles de l'hygiène et de la détresse psychologique, quand on parle de précarité étudiante.

Sur la proportion de femmes aux distributions, nos chiffres sont assez cohérents avec ceux qui ont été avancés ou ceux qui ont été donnés dans la presse à plusieurs reprises. J'attendrai les résultats définitifs de l'étude de fond que nous avons menée pour donner des explications structurées. Peut-être que, lorsque les étudiants sont en couple, comme dans beaucoup de cas dans la vie, c'est la jeune femme qui va chercher le colis alimentaire plutôt que le jeune homme. La diversité des situations est extrême : célibataires, couples, couples avec enfants... Beaucoup de nos bénéficiaires, en tous cas, n'imaginaient pas se trouver dans cette situation aujourd'hui.

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