Oui, nous avons été énormément aidés, et pas seulement par les étudiants qui sont venus bénévolement prêter main forte. Beaucoup d'entreprises, justement, nous ont contactés, secteur par secteur, pour faire don de produits. Par exemple, un producteur de thé nous a offert plus de 10 000 sachets ! Des particuliers nous aident soit en nous donnant de l'argent, soit en faisant des courses et en nous les déposant. Des étudiants aident pour les collectes et, en diffusant le message à leurs proches, nous aident à construire un réseau. Certains professionnels se sont mobilisés, et notamment beaucoup d'enseignants, en collège, en lycée ou en plus petites classes, qui ont souhaité sensibiliser leurs élèves et futurs étudiants à la précarité, en organisant des collectes. Des restaurateurs, aussi, nous ont beaucoup aidés. Comme leurs établissements ont été fermés, beaucoup de leurs produits se seraient périmés dans l'année : ils nous en ont fait don avant. Des cinémas, des entreprises du monde de l'agriculture nous ont fait des dons, aussi. Les 4 000 repas chauds dont je parlais tout à l'heure sont préparés grâce à un restaurateur du quatrième arrondissement.
La mobilisation est-elle proportionnelle à l'indignation ? En tous cas, celle-ci permet de faire connaître une situation sur les réseaux sociaux et d'inciter certaines personnes ou entreprises à agir pour aider.
Certains étudiants ont dû retourner chez leurs parents à cause de la crise. Comme AGORAé est un réseau national, nous pouvons continuer à les soutenir, même s'ils changent d'adresse. L'association générale des étudiants de Paris, l'AGEP, possède un pôle de défense des droits qui a pour mission d'accompagner les étudiants en difficulté et peut les aider, sur toutes les questions universitaires comme sur la question du logement.
Enfin, concernant la précarité des étudiantes, on constate que les écarts salariaux entre les hommes et les femmes se retrouvent aussi dans les emplois étudiants. Une étude de la FAGE montre que la précarité menstruelle est répandue. Lorsqu'une étudiante dispose d'à peine quelques euros pour manger, elle n'a pas les moyens de dépenser 15 euros chaque mois pour acheter les protections nécessaires. Le problème est aggravé du fait que les produits d'hygiène féminins sont plus chers que ceux des hommes. C'est aussi une des raisons qui explique que les femmes soient plus nombreuses à solliciter l'aide de la Croix-Rouge.