Je tiens à vous remercier pour la qualité de vos présentations. Nous prenons conscience, d'audition en audition, que nous ne pouvons pas discuter de marché et d'économie sans prendre en compte la dimension géostratégique, qui devient fondamentale. Les politiques économiques découlent de cette dimension, et non l'inverse. Je vous remercie d'éclairer la commission sur ce changement fondamental.
Dans ce contexte, quel est le rôle de l'Europe dans la redéfinition d'une nouvelle politique géostratégique ? A-t-elle les moyens de s'y investir ?
Par ailleurs, nous constatons des divergences entre nos intérêts économiques et nos intérêts géostratégiques, et a fortiori nos alliances militaires. Au sein de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), le jeu de la Turquie se révèle très distinct de nos intérêts. Certains repères de la guerre froide n'ont pas complètement disparu, avec la recomposition d'une alliance des pays non alignés. Nous constatons ce phénomène en Inde, en Amérique du Sud, en Afrique : la Russie n'est-elle pas en train de collaborer avec ces zones et pays pour reconstituer des relais tiers et retrouver des parts de marché perdues en Europe ? La Russie tente-t-elle ainsi de contourner le blocage européen ? L'Azerbaïdjan, par exemple, permet à la Russie d'éviter les interdits économiques pesant sur le pays.