Intervention de Yves Jégourel

Commission des affaires européennes — Réunion du 2 mars 2023 à 9h00
Énergie climat transports — Table ronde « l'europe face à la nouvelle géopolitique de l'énergie » avec m. nicolas mazzucchi directeur de recherche au centre d'études stratégiques de la marine cesm ; m. yves jégourel professeur titulaire de la chaire économie des matières premières du conservatoire national des arts et métiers co-directeur du cercle cyclope ; mme blandine barreau analyste de l'équipe des perspectives énergétiques mondiales à l'agence internationale de l'énergie.

Yves Jégourel :

Je souhaiterais insister sur la dimension absolument systémique de la crise que nous traversons : l'augmentation des prix de l'électricité provoque des effets majeurs sur l'industrie européenne. La production d'une tonne d'aluminium nécessite 15 000 kWh. Ce phénomène touche également l'acier ou le zinc.

L'augmentation des prix du gaz a entraîné une hausse très forte des prix des engrais, dans un contexte où le réchauffement climatique pèse sur les rendements agricoles. Environ 20 millions de personnes se trouvent en insécurité alimentaire dans la corne de l'Afrique. Cette donnée doit être prise en compte dans notre stratégie globale, et doit encourager cet objectif d'une diplomatie des matières premières. Nous devons revenir à ce commerce pacificateur, mis en place avec la fameuse charte de La Havane de 1948 prévoyant la création de l'Organisation internationale du commerce (OIC). Cette dernière, devenue l'Organisation mondiale du commerce (OMC), a suivi un virage libéral, en oubliant cette dimension.

Nous nous trouvons dans un contexte d'affaiblissement du multilatéralisme, et nous devons contrer cette évolution. En se référant à la charte de La Havane, nous devons considérer les matières premières comme des produits spécifiques en raison des enjeux stratégiques qu'ils portent, dimension qui n'existe plus depuis 30 ou 40 ans.

Des conférences dédiées à l'ensemble des matières premières doivent être organisées. Aujourd'hui, nous sommes conscients de la nécessité de baisser notre consommation énergétique, mais nous devons également décider de la nature de notre consommation.

La problématique africaine de l'électrification est essentielle. Le taux pour l'Afrique subsaharienne est actuellement de moins de 50 %, et un développement économique n'est pas possible sans électrification. Nous devons poser la question du rapport de l'Europe à l'Afrique, et du rapport de l'Europe aux énergies fossiles disponibles en Afrique.

Par ailleurs, j'attire votre attention sur le fait que l'hydrogène est un vecteur d'énergie, et pas une énergie, donc cela ne fait que déplacer le problème. La question du stockage de l'électricité par hydrogène pose, en outre, plusieurs difficultés en termes de rendement.

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