Intervention de Nicolas Mazzucchi

Commission des affaires européennes — Réunion du 2 mars 2023 à 9h00
Énergie climat transports — Table ronde « l'europe face à la nouvelle géopolitique de l'énergie » avec m. nicolas mazzucchi directeur de recherche au centre d'études stratégiques de la marine cesm ; m. yves jégourel professeur titulaire de la chaire économie des matières premières du conservatoire national des arts et métiers co-directeur du cercle cyclope ; mme blandine barreau analyste de l'équipe des perspectives énergétiques mondiales à l'agence internationale de l'énergie.

Nicolas Mazzucchi :

Concernant l'Union européenne, son action est limitée par les compétences qui lui sont dévolues. L'article 194 du traité de fonctionnement de l'Union européenne (TFUE) n'est pas centré sur la question de la sécurité énergétique. Depuis 2015 est envisagée la mise en place d'une Union de l'énergie, mais jusqu'aux prémices de la guerre en Ukraine, la sécurité énergétique n'était pas prioritaire pour la Commission européenne.

Des actions sont possibles : la France participe, hors du cadre de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC), à l'opération AGENOR de sécurisation du golfe arabo-persique, soutenue par plusieurs pays européens. Cette mission est orientée vers la sécurisation de nos approvisionnements énergétiques, avec la collaboration de dix-sept marines européennes.

Par ailleurs, l'OTAN a créé, en 2012, un Centre d'excellence pour la sécurité énergétique. Depuis le sommet de Chicago en 2010 jusqu'au dernier sommet de l'OTAN, cette dimension a pris de plus en plus d'ampleur. L'interaction Union européenne-OTAN dans ce domaine est complexe, au regard de la présence des États-Unis et de la Turquie, notamment concernant la question chypriote, dont une partie de l'île est membre de l'OTAN et pas de l'Union européenne, et l'autre membre de l'Union européenne mais pas de l'OTAN.

S'agissant de la création d'un bloc de pays non alignés et de son rapport à la Chine ou à la Russie, je rappelle que le dernier vote de l'Assemblée générale des Nations unies sur la condamnation de la guerre en Ukraine a abouti à un résultat équivalent au précédent. Le soutien à la vision « occidentale » de ce conflit est donc toujours aussi massif, mais il est évident que la Chine et la Russie s'emparent de positions stratégiques dans le domaine de l'énergie, étendu aux matières premières sur le continent africain, et au-delà : la Russie a construit une infrastructure de GNL au Pakistan. Je pense qu'elle sera capable de se tourner vers d'autres marchés plus rapidement qu'attendu. Le gazoduc Force de Sibérie 2, entre la Russie et la Chine, pourrait ainsi être opérationnel dès 2028 ou 2029, ce qui ferait basculer plus encore la Russie vers la zone indo-pacifique.

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