L'hydrogène offre effectivement des perspectives intéressantes pour les dernières portions de l'industrie lourde, pour qui des réductions d'émissions de CO2 sont très compliquées à obtenir en raison de motifs climatiques et de compétitivité industrielle. L'hydrogène en tant que vecteur d'énergie est un moyen pour atteindre ces réductions d'émissions et cette hausse des performances industrielles, notamment pour l'aciérie. L'hydrogène ouvre également des perspectives intéressantes dans le domaine des transports.
L'immense majorité de la demande d'hydrogène est, comme déjà évoqué, satisfaite par une production à partir d'énergies fossiles. La production d'hydrogène bas-carbone ne représente qu'un million de tonnes. Les gouvernements ont récemment développé des projets de démonstrateurs hydrogène, mais un saut technologique est toujours attendu. Par ailleurs, nous sommes confrontés à des problématiques de reformatage ou d'adaptation des infrastructures existantes pour permettre le transport de l'hydrogène. L'évolution intéressante du projet MidCat entre la France, l'Espagne et le Portugal, sera particulièrement instructive sur la faisabilité et les coûts associés à ce type de reformatage.
En termes géopolitiques, des questions se posent concernant l'approvisionnement en minéraux critiques, avec la concentration en Chine des ressources actuelles. Une loi européenne sur ces minéraux critiques doit être présentée très prochainement, et méritera un examen attentif.
Pour l'AIE, la question centrale se posant lors de l'arrivée à maturité d'une nouvelle énergie ou d'un nouveau vecteur d'énergie est celle des conséquences sur les marchés de l'énergie et en termes géopolitiques. Aujourd'hui, nous constatons beaucoup d'intérêt sur les perspectives d'utilisation des ressources d'hydrogène bas-carbone sur le continent africain, grâce au gisement solaire inédit. L'Agence porte le message de la considération du développement humain. Dans le cadre des négociations internationales sur le climat, et notamment de l'accord de Paris, nous devons limiter notre consommation de gaz : des pays de l'OCDE peuvent-ils se permettre de porter un discours visant à la réduction de l'exploitation gazière, tout en mettant en place des coopérations visant à exporter ces capacités d'hydrogène bas-carbone ? Cette stratégie sera complexe à mettre en place sur le plan géopolitique, et pourrait entraîner des conséquences particulières sur les conditions d'accès à l'énergie sur le continent africain, ainsi que sur la géopolitique des relations internationales.