Intervention de Marc Ladreit de Lacharrière

Mission commune d'information Agences de notation — Réunion du 9 mai 2012 : 1ère réunion
Audition de M. Marc Ladreit de lacharrière président de fimalac premier actionnaire et président de fitch

Marc Ladreit de Lacharrière, premier actionnaire et président de Fitch :

Je parle du marché global. Sur tous les autres continents, la demande de notation s'accroît très fortement. En Amérique latine, le chiffre d'affaires de Fitch croît de 25 % par an. Il part, il est vrai, de bases faibles, ces pays faisant appel à l'épargne plutôt qu'à des crédits bancaires. Une entreprise a le choix de faire appel à une banque, soit de faire appel à l'épargne mondiale en s'adressant directement aux investisseurs institutionnels. On peut lire de temps à autre que les grands investisseurs traditionnels ne devraient pas se fier aux agences. Sur le territoire américain, il existe entre trente et cinquante investisseurs institutionnels qui gèrent plus que le PNB français. Cela les étonne d'entendre, en avril 2010, Dominique Strauss Kahn leur conseiller avec dédain « de ne pas trop croire ce que disent les agences de notation ». Ce sont des gens extrêmement puissants. Ils existent depuis des dizaines d'années et n'ont à mon avis pas de leçons à recevoir, étant donné les montants des sommes qu'ils gèrent, et la qualité de leur gestion.

De plus en plus, dans le monde moderne, le financement des entreprises et des Etats -la meilleure preuve en étant l'Etat français- se fait directement auprès des investisseurs finaux et non au travers les banques. Le fait d'avoir financé la crise américaine a obligé les banques et institutions financières européennes à faire d'importantes provisions. A travers le monde, les banques ont donc moins d'importance dans le financement de l'économie que les investisseurs institutionnels. Moins les banques ont d'importance, plus le recours aux agences de notation augmente.

Aux Etats-Unis, le marché a repris de l'ordre de 10 à 15 %. Le Congrès américain -comme le Sénat français ou les différents Congrès européens- ont souhaité une concurrence beaucoup plus ouverte. La SEC a donc décidé d'accorder l'accréditif à neuf agences.

Les investisseurs américains font en sorte que leurs gestionnaires ne puissent « prendre du papier » qu'à la condition que celui-ci soit noté par une agence possédant l'accréditif de la SEC. Or, la SEC n'a donné son accréditif qu'à des agences américaines, à l'exception de Japan Credit Rating. La demande de l'Europe d'accréditer une agence européenne en dehors de Fitch est restée sans suite.

Dans le monde entier, ce sont les Etats-Unis qui donnent le ton, même si chaque pays peut ajouter sa touche au dispositif réglementaire, s'il le souhaite.

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