Historiquement, le réseau Canopé est l'éditeur de ressources de l'Éducation nationale. Toutefois, il vient de changer de mission : en témoigne la signature, en novembre dernier, de notre nouveau contrat d'objectifs et de performances avec l'État, plus particulièrement avec notre tutelle, le ministère de l'éducation nationale. Notre nouvelle mission est de former les enseignants tout au long de la vie, et notamment de les former au numérique.
Opérateur de l'Éducation nationale, Canopé compte aujourd'hui 1 200 équivalents temps plein (ETP). Il a la particularité de fonctionner en réseau - d'où son nom - et bénéficie d'un maillage territorial très étoffé : nous disposons, dans chaque département, d'une antenne, appelée « atelier ». Les enseignants peuvent se former à distance ou en présentiel au sein de ces centres, où l'on retrouve, entre autres, des ressources issues de nos activités historiques. En effet, nous continuons de produire un certain nombre de ressources, dont celles qui vous intéressent, qu'il s'agisse de l'EMC ou de l'éducation aux médias et à l'information (EMI).
Notre mission est bien d'accompagner les enseignants pour qu'ils s'approprient les thématiques figurant au centre du schéma directeur de la formation continue : à notre offre de formation adaptée s'ajoute une formation transversale, dont relèvent les « éducations à » - aux médias, à la laïcité -, donc l'EMC.
Pour concevoir nos contenus et nos formations, nous nous appuyons fortement sur l'expertise de nos personnels, formateurs et médiateurs, qui sont, pour la plupart, d'anciens enseignants ; nous recrutons également des chercheurs, des ingénieurs pédagogiques, des représentants de nouveaux métiers liés au champ de la formation dans toutes ses dimensions.
En parallèle, nous travaillons avec les experts des sujets sur lesquels nous intervenons, en particulier les inspecteurs généraux.
Ainsi, pour ce qui concerne la laïcité, nous travaillons étroitement avec le Conseil des sages. Nous venons de publier un ouvrage, auquel a collaboré Iannis Roder, dont le but est de donner aux enseignants une approche à la fois théorique et pratique de la laïcité, dans l'esprit du plan Obin. Nous organisons des sessions de formation des enseignants, à distance ou en présentiel, où interviennent des experts et des chercheurs. Nous sommes en lien étroit avec la Direction générale de l'enseignement scolaire (Dgesco) et avec le Conseil des sages, qui valident ces contenus.
Cet exemple montre d'emblée la triple capacité de notre réseau : premièrement, être opérateur de l'Éducation nationale, pour décliner toute thématique que le ministère nous confie, par exemple la laïcité ou le numérique ; deuxièmement, proposer aux enseignants de nouvelles modalités de formations, en direct et en replay ; troisièmement, offrir un appui aux communautés apprenantes, qu'il s'agisse de ressources pédagogiques ou de lieux de partage d'expérience entre pairs, en complément des actions menées par les académies.
Plus précisément, pour ce qui concerne la création de contenus d'EMC, nous avons créé un groupe de travail « EMI et valeurs de la République », doté d'une cheffe de projet. Cette structure est en lien avec notre comité de lecture, qui analyse toutes nos propositions de formation, et avec la direction de la pédagogie du réseau Canopé, qui, de concert avec notre tutelle, valide l'ensemble de nos propositions de formations ou de créations de contenus.
Nous veillons à l'adéquation entre les propositions faites et les formations déployées sur l'ensemble du territoire. L'atelier par département dont nous disposons, en métropole et en outre-mer, est essentiel, car nos thématiques ont vocation à être adaptées aux contextes locaux. À ce titre, nous travaillons en lien étroit avec nos partenaires de la communauté éducative. C'est extrêmement utile pour faire vivre les formations dédiées à l'EMC, pour les rendre encore plus concrètes et utiles.
Plusieurs équipes sont chargées de mener ces actions : les médiateurs et formateurs assurent les formations, sur le terrain ou à distance, dans le cadre de l'offre nationale, mais nous ne disposons pas d'une équipe dédiée à la thématique de l'EMC.
D'ailleurs, l'évolution de nos missions exige une refonte complète de notre organisation. Outre la direction de la pédagogie, nous créons ainsi une direction de la formation. Nous nous appuyons aussi sur l'expertise de nos partenaires (par exemple le Conseil des sages) et des agents du réseau, qui se forment eux-mêmes à ces problématiques. Par exemple, un de nos agents est actuellement en formation à l'Institut des hautes études de l'éducation et de la formation (IH2EF) au sujet de la laïcité et des valeurs de la République.
Le fonctionnement en groupes de travail permet de mutualiser l'ensemble des expertises, d'aller chercher des compétences auprès de notre ministère de tutelle et de nos partenaires dans une logique de co-création et de mutualisation des contenus. Ce faisant, nous pouvons aller plus vite et embrasser tous les champs concernés. Nous avons constitué une équipe transversale dédiée aux enjeux de l'EMI et des valeurs de la République : elle examine toutes les demandes relatives à ces sujets, en lien avec un service de Canopé, le Centre de liaison de l'enseignement et des médias d'information (Clemi), qui est plus précisément dédié à l'EMI, et avec notre comité de relecture. C'est ce groupe de travail qui a conçu l'offre de formations et de webinaires relative aux valeurs de la République, en particulier à la laïcité.
Nous sommes très attachés à ce que tout enseignant puisse nous proposer un contenu, mais, à ce jour, ce principe n'a pas encore trouvé sa pleine application. Un certain nombre d'outils permettent aux enseignants de partager leurs pratiques. Il s'agit non seulement de nos ateliers, mais aussi d'un dispositif numérique fonctionnant comme un réseau social et baptisé Viaéduc. Un autre outil permet de créer des séquences pédagogiques thématiques et de les proposer à d'autres collègues, que ce soit dans son établissement, dans le reste de la France et à l'échelle internationale : nous pouvons déployer toutes ces actions hors de nos frontières.
Nous pourrions aller plus loin tout en restant fidèles à notre ADN - le fonctionnement en réseau -, en permettant aux professeurs de créer leurs contenus et en valorisant les enseignants les plus innovants. Notre proximité avec les communautés enseignantes doit encore être développée.
Enfin, pour nos activités éditoriales, nous allons faire appel aux enseignants sur le terrain pour écrire des ouvrages ou des scénarisations pédagogiques de formation.
Notre rôle transversal de valorisation des enseignants les plus impliqués dans leur discipline ou dans certaines pratiques doit encore être déployé. C'est un volet du projet que je mets en oeuvre avec mon adjointe et mon directeur de cabinet.